Die Töte Statd
la ville morte
Opéra en 2 tableaux, 1920
Livret de Paul Schott d’après la pièce Le Mirage et le roman Bruges la morte de Georges Rodenbach
Paris, Opéra Bastille
Du 3 au 27 octobre 2009
Korngold (1897-1957) fait partie de la colonie d’artistes que le régime nazi a fait partir hors d’Allemagne : il rejoint les Etats-Unis et Hollywood en 1934. Dans son opéra de jeunesse, La Ville Morte (Die Töte Statd), le compositeur mêle les univers pour une partition vertigineuse et troublante: réalité et poésie s’entrecroisent en un tout symboliste et surréaliste qui efface les repères de la conscience. Visions, mirages, hallucinations s’apprêtent ainsi à investir pour la première fois l’Opéra de Paris. C’est une « seconde entrée au répertoire de la Maison Parisienne », en cette nouvelle saison lyrique 2009-2010, après Mireille de Gounod.
Fils du musicologue et critique musical viennois, Julius Korngold, Erich Wolfgang Korngold est l’élève de Zemlinsky. Il suscite l’admiration de Gustav Mahler mais aussi de Puccini par ses dons prodigieux et précoces. Le jeune compositeur, comme Mozart, à son époque « ose » le genre opéra, à seulement 22 ans: La ville morte est un premier coup d’essai qui se révèle être génial.
Mais il est vrai qu’il avait déjà montrer l’étendue de son talent dans ses deux opéras antérieurs: Der Ring des Polykrates et Violanta sont créés à Munich sous la direction de Bruno Walter alors qu’il n’a que 18 ans.
Sachant exprimer le trouble et la présence du mystère qui fondent l’ouvrage symboliste, le musicien déploie dans Die Töte Statd, une écriture harmonique et vocale particulièrement flamboyante, très efficace également sur le plan scénique. Rien de plus naturel pour un auteur qui collabore aussi avec Max Reinhardt, homme de théâtre légendaire, qui en 1922 avec Strauss et Hofmansthal, fonde le festival de Salzbourg.
Wagner, Strauss, Mahler aussi: Korngold assimile tous les tempéraments à son époque et écrit chaque rôle pour les meilleurs chanteurs de l’Opéra de Hambourg, au moment de la création en 1920. L’intelligence des moyens choisis et le choix des timbres comme ses dons de mélodiste né, font de Korngold, l’un des compositeurs lyriques les plus fascinants dans la première moitié du XXè siècle. Il était temps que l’Opéra de Paris l’inscrive à son répertoire.
Pour autant l’ouvrage n’est pas qu’un délire poétique fermé sur sa forme: il renferme un formidable message pour la vie. Korngold fait de son oeuvre vénéneuse et délirante, un manifeste pour la réalité triomphante. L’opéra met en scène les délires fantasmatiques de Paul qui est veuf de Marie: l’époux inconsolable qui vit à Bruges, a fait de son appartement un sanctuaire à la mémoire de celle qui est morte. Mais, Marie semble revenir auprès de Paul sous les traits de la danseuse Marietta, venue à Bruges jouer Robert le diable de Meyerbeer… Marietta séduit et provoque la raison de Paul qui l’étrangle dans un songe orgiaque. Or la jeune femme reparaît étrangère au délire de Paul. peu après ses divagations… le rêve et le cauchemar débordent les plans du réel.. Le héros décide de partir pour rompre définitivement avec ses obsessions lugubres. Pour une autre vie?
distribution de la production événement à l’Opéra Bastille:
Pinchas Steinberg, direction musicale
Willy Decker, mise en scène
Robert Dean Smith: Paul
Ricarda Merbeth: Marietta
Stéphane Degout: Frank / Fritz
Doris Lamprecht: Brigitta
Elisa Cenni: Juliette
Letitia Singleton: Lucienne
Alain Gabriel: Victorin
Alexander Kravets Graf: Albert
Orchestre et Choeur de l’Opéra national de Paris
Maîtrise des hauts-de-seine ⁄ chœur d’enfants de l’opéra national de paris
Illustrations: Korngold DR)
