saison 2011-2012
Jules Massenet
(1842-1912)
Centenaire de la mort de Massenet, 2012
Thaïs, 1894
livret de Louis Gallet d’après Anatole France
Jean-Yves Ossonce, direction
Nadine Duffaut, mise en scène
Thaïs: Sophie Marin-Degor
Athanaël: Didier Henry
Niclas: Christophe Berry
Orchestre symphonique
Région Centre, Choeurs de l’Opéra de Tours
Vendredi 14 octobre 2011 à 20h
Dimanche 16 octobre 2011 à 15h
Mardi 18 octobre 2011 à 20h
Conférence gratuite le 8 octobre à 14h30 (Bibliothèque municipale)
Pour Massenet, l’ère paléochrétienne permet de renouer avec la simplicité sacrée du Haut Moyen-Age.
Contre les préjugés tenaces sur l’artificialité décorative de son écriture, Massenet élabore dans Thaïs, un opéra qui brille par la concision de sa construction dramatique. 2 mouvements se rencontrent ici et s’opposent: l’élévation de Thaïs, la descente aux enfers d’Athanaël… Courtisane prêtresse de Vénus, à Alexandrie au IVè, Thaïs reçoit la révélation de la ferveur (la fameuse méditation de Thaïs pour violon et orchestre à l’acte II: instant clé du drame où l’action bascule). La pécheresse magnifique se voue à Dieu. Mais celui qui la convertit, le moine cénobite Athanël tombe amoureux d’elle: l’éclat dramatique de l’opéra tient à ce chiasme éloquent à mesure que Thaïs élève son âme en quête de perfection, le moine est dévoré par un désir qu’il ne peut plus contrôler. Quand Thaïs meurt comme une Sainte, Athanaël renie sa foi et le Dieu qui le fait souffrir.
Comme Traviata, la dévoyée miraculeusement sauvée par l’amour pur de Rodolfo (auquel elle doit cependant renoncer en victime sacrifiée), Thaïs doit elle aussi éprouver le renoncement croissant jusqu’à l’anéantissement. D’ailleurs les deux héroïnes ultraféminines s’éteignent de la même façon, dans la mort, plus ravissement libérateur que crispation douloureuse.
Tours, après Manon et Werther (version pour baryton), fête avant tout le monde, dès octobre 2011, le centenaire de la mort de Massenet. C’est pour Sophie Marin-Degor, un nouveau défi vocal et dramatique. A l’origine, Thaïs est une partition écrite pour la muse de Massenet Sibyl Sanderson pour laquelle il a aussi composer Esclarmonde (1889).
Louis Gallet atténue le cynisme souvent critique de France vis à vis de l’église et de la religion: le librettiste de Massenet préfère renforcer la violence psychique du drame qui étreint le coeur du moine, mais éblouit l’âme de la jeune novice Thaïs.
Saint-sulpicien, pompeux, factice? le style de Massenet est plus subtil que cela: dès sa cantate David Rizzio qui lui permet de décrocher le Prix de Rome en 1863, le compositeur développe une sensibilité très juste, vraisemblable dans l’expression des passions humaines. Il offre aux sopranos et barytons, deux rôles sublimes, autant sur le plan dramatique que musical. Au demeurant, le musicien à travers plusieurs opéras féminins (Eve, 1875; Hérodiade, 1881; Manon, 1884; Esclarmonde, 1889; La Navarraise, 1894; Sapho, 1897; Grisélidis, 1901; Ariane, 1906; Cléopâtre, 1914…) où il dessine comme Puccini (Tosca, Manon, Butterfly, Turandot…) un exceptionnel portrait de femme, a déjà traité la passion sacrée: Marie-Magdeleine (1873) et bientôt Thérèse (1907) ou le dernier oratorio, La Vierge, en témoignent.
