mardi 6 mai 2025

Haydn: Symphonies n°53 L’Impériale, n°54Heidelberger Sinfoniker. Thomas Fey (1 cd Hänssler classic)

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Vitalité, âpreté, mordant: les accents majeurs de l’approche de Fey à la tête de son orchestre de chambre sont désormais bien connus. Sont-ils pour autant d’excellents arguments capables d’insuffler à la machine orchestrale, ici magnifiquement polie pour les 2 symphonies de 1774, … ce caractère et cette tension, ennemis d’une certaine routine ronflante?
S’il est porteur de défrichement audacieux souvent délectable (l’Ours du volume 3…; la 60è du volume 10 par exemple), s’il s’électrise de toutes les nuances presto (finales des 54 et version alternative « b » de la 53 Impériale), reconnaissons au chef ses tutti téléphonés: ronflés et pétaradants (1er mouvement de l’Impériale justement) réglés comme une mécanique brillante… finalement ennuyeuse… Le soin dynamique et cette attention plus intérieure aux phrasés s’illuminent d’une nouvelle ardeur plus suggestive voire ambivalente dans les mouvements lents: andante de l’Impériale; ample adagio de la 54, où cors et cordes, bois et basses redessinent un climat flottant plus approfondi, moins tapageur et osons le dire creux que l’entrée pompeuse du largo puis vivace de l’Impériale. Même si les menuets sont fouettés avec une claque plus incisive que réellement humoristique, reconnaissons à Thomas Fey, sa grande et bénéfique versatilité expressive qui évidemment fait toujours recette dans les contrastes de caractères.

Pourtant à force de netteté et de précision du geste, la lecture se dessèche tristement. Sans réelle poésie, l’horloge orchestrale d’Heidelberg confine souvent à une mécanique sans âme. Haydn épris de facétie et d’expérimentation avait pourtant de l’humanité et de la tendresse à revendre. La côté fracassant guerrier et nerveux jusqu’à l’hystérie guette trop souvent: la version « b » du finale de la 53è Impériale certes met en avant l’agilité des cordes… mais à quoi bon toute cette maîtrise millimétrée s’il n’est question que de virtuosité symphonique? Au fur et à mesure des volumes de cette intégrale Haydn, Thomas Fey, comme grisé par les capacités de son orchestre, aborde toute partition comme un chercheur avec une froide méthodologie, comme dénuée de coeur. Il faudra un regard général et une écoute distanciée critique pour juger de l’approche dans sa globalité, mais le chef à trop vouloir briller se détache de l’âme de la musique. Toujours la même question: servir la musique ou se servir de la musique pour briller à tout prix…
Ce volume 15 est loin de susciter le même enthousiasme que ceux qui l’ont précédé. En manque d’inspiration ou tout simplement aux limites de sa compréhension, Thomas Fey déploie des qualités déjà repérées; mais ici il en use et en abuse sans plus guère nous surprendre. Que vaudront les volumes prochains?

Haydn: Symphonies n°53 « l’Impériale » (finales version a et b); n°54. Heidelberger Sinfoniker. Thomas Fey, direction. Intégrale des Symphonies de Haydn, volume 15.

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