Joseph Haydn
La vera Costanza,1779
Du 27 janvier au 4 février 2012
Liège, Opéra Royal de Wallonie
Palais Opéra de Liège
infos/réservations:
+ 32 04/221 47 22 et www.operaliege.be
La partition de La Vera Costanza (opéra semi sérieux, léger et héroïque) est essentielle dans le catalogue des opéras de Haydn: après un incendie malheureux survenu dans son cabinet de travail, Haydn croit perdre le manuscrit; la perte est d’autant plus douloureuse que l’opéra avait été particulièrement réussi et applaudi… lors de sa création à la Cour du Prince Esterhazy à Eisenstadt. Le musicien assure à son mécène et employeur, un éclat musical qui surclasse souvent les opéras du théâtre impérial de Vienne et l’impératrice Marie-Thérèse n’hésite pas à venir écouter les opéras de Joseph Haydn chez les Esterhazy.
Le compositeur viennois n’a de cesse de reconstruire son oeuvre en perfectionnant encore sa pertinence. Comparé à son opus antérieur de deux ans, Il Mundo della luna, La vera Costanza confirme le génie lyrique de Haydn, un talent égal à celui de Mozart dans la compréhension du coeur et des passion des hommes, dans l’expression de leur évolution et métamorphoses, dans l’exploitation surtout de leur acuité expressive sur les modes tragique et sentimental, surtout comique et délirant.
Les airs sont raccourcis, leur enchaînement serré… tout concourt à exalter et renforcer les contrastes de l’action; la tension dramatique gagne en originalité et en puissance. Haydn humanise et poétise; il attendrit son style, qui plus proche des émotions, peint des individualités particulièrement justes donc touchantes. Les nombreux couples qui se croisent ici gagnent un relief psychologique particulièrement attachant.
C’est un dramma giocoso, moins comique et divertissant que troublant par la vérité et la sincérité des portraits lyriques conçus par Haydn. En 1779, date de la création, l’esthétique est aux tempêtes brûlantes des passions exacerbés, ce mouvement Sturm und Drang, qui permet à la France de découvrir de nouvelles perturbations sentimentales sur la scène de l’Académie royale de musique (création d’Amadis de Gaule de Jean-Chrétien Bach à Versailles et Paris, en 1779).
Le sujet principal cible la vertu morale donc édifiante et admirable d’une simple paysanne, pécheuse de son état. La Vera Costanza, la véritable constance est incarnée par Rosina, fille du peuple dont tombe amoureux le Comte, malgré leur différence de classe sociale. C’est que la richesse de la jeune femme est essentiellement spirituelle: un trésor que ne valent pas toutes les cassettes d’or du monde.
La Baronne Irène et son amant, le Marquis Ernesto oeuvre pour contraindre la belle Rosina à épouser Villotto, un bon bourgeois malade, aussi riche que laid. Il s’agit d’une intrigue à fort rapport, où l’amour est absent…
La Baronne entend ainsi éviter l’hypothèse du mariage de son neveu le Comte Errico, avec Rosina dont il est tombé amoureux… Mais qui est réellement Rosina? Et qui peut prétendre évaluer chaque individu ou décider de son sort?
Joseph Haydn: La Vera Costanza
Drama Giocoso, opéra en trois actes.
Livret De Francesco Puttini,
création à Eszterháza, le 25 avril 1779
Direction musicale: Jesús López-Cobos
Mise en scène: Elio De Capitani
Décors: Carlo Sala
Costumes: Ferdinando Bruni *
Lumières: Nando Frigerio*
Nouvelle coproduction avec Opéra Royal de
Wallonie, Teatro Real deMadrid, Teatro Comunale
de Trévise, Opéra de Saint Etienne, Opéra de
Rouen-Haute Normandie &Théâtre National de
Sofia.
Rosina: Federica Carnevale / Sandra Ferrández
La Baronessa: Irene Andrea Puja
Lisetta: Arianna Donadelli
Il Conte Enrico Anicio: Zorzi Giustiniani / Yuri
Gorodetski
Il Marchese Ernesto: Cosimo Panozzo / Pablo
García López
Masino: Elier Muñoz *
Villotto: Gianluca Margheri *
Orchestre Opéra Royal de Wallonie
* Pour la première fois à l’Opéra Royal de Wallonie
Il semble que peu à peu, en particulier depuis le bicentenaire de la mort du Viennois en 2009, les opéras de Joseph Haydn intéressent enfin les directeurs de salles et les chefs: Jérémie Rhorer depuis Aix, a défriché avec une sensibilité nerveuse un autre bijou de Haydn pour son employeur Esterhazy: La Fedelta Delusa… On connaît aussi Il Mundo della Luna, en particulier grâce à l’enregistrement réalisé par Federica Von Stadt… Liège nourrit cet élan défricheur en proposant une nouvelle production de La Vera Costanza, effectivement joyau lyrique des Lumières, à la fois classique et déjà préromantique (dans l’essor du sentiment, dans le traitement émotionnel très affûté et fin des caractères et des profils psychologiques)… Sur les traces du chef Antal Dorati, vrai pionnier et grand connaisseur des opéras de Haydn, Jesús López-Cobos souligne le génie opératique de Haydn, non sans raison.
