Hans Werner Henze
(né en 1926)
Phaedra
Création mondiale
Bruxelles, La Monnaie
Du 15 au 20 septembre 2007
Opéra en deux actes
Livret de Christian Lehnert
Mise en scène: Peter Mussbach
Direction musicale: Michael Boder
Princesse terrassée par l’amour pour son gendre, Phèdre qui est l’épouse de Thésée, aime en secret Hippolyte: l’opéra de Henze aborde le sujet de cet inceste honteux, sentiment déplorable qui a fondé la ruine d’une âme noble foudroyée par la force de sa passion maudite. Musicien radical, expérimentateur formel, issu du dodécaphonisme et proche de l’idéologie socialiste, Henze brosse le portrait d’une femme qui subit la déflagration d’un amour total qui hélas non partagé, est d’autant plus dévastateur. Le compositeur contemporain, âgé en 2007 de 81 ans, s’inscrit dans la lignée de Racine (1677) puis de Rameau (Hippolyte et Aricie, 1733) qui ont tous deux, consacré un ouvrage théâtral au mythe de Phèdre. Phaedra est une création mondiale présentée par La Monnaie de Bruxelles, en ouverture de sa nouvelle saison 2007/2008. Peter Musbach, directeur artistique du Staatsoper Berlin depuis 2002, signe la mise en scène. Parmi ses récentes mises en scène, soulignons celles de Die Eroberung von Mexico et Seraphin de Wolfgang Rihm, Chief
Joseph de Hans Zender, Perelà, l’homme de fumée et, récemment, Faustus,
the Last Night de Pascal Dusapin.
Hans Werner Henze
Né à Gütersloh (Westphalie) en 1926, Hans Werner Henze, très tôt initié au piano, à l’harmonie, au contrepoint, amorce sa formation musicale à la Staatsmusikschule de Braunschweig en 1942, puis à l’Institut de musique sacrée de Heidelberg, de 1946 à 1948, où il est l’élève de Wolfgang Fortner. Il compose à cette période, les Fünf Madrigale pour choeur et ensemble instrumental (1947).
A Darmstadt dès 1946, il se lie deux ans plus tard en 1948 avec René Leibowitz: Appolo et Hyacinthus (1949, d’après Trakl, pour clavecin, huit instruments solistes et voix d’alto) illustre l’avancée de ses recherches à cette période où il assimile le dodécaphonisme. Parallèlement, Henze collabore avec Heinz Hilpert au Deutsches Theater de Constance en 1948. Il est aussi directeur artistique ainsi que chef d’orchestre du Ballet du Staatstheater de Wiesbaden à partir de 1950.
Après de nombreux séjours à Berlin, Munich, et la composition de son opéra Boulevard Solitude (1952, d’après Manon Lescaut de l’Abbé Prévost), le compositeur se libère de toute influence stylistique, opte pour une esthétique dramatique et efficace, et se fixe en Italie à partir de 1953: il y achève un autre ouvrage lyrique, König Hirsch, auquel succèdent Der Prinz von Homburg (1958), sur un livret d’Ingeborg Bachman d’après la tragédie de Kleist, Elegy for Young Lovers (1959-1961), Die Bassariden (1961) surdes livrets de Wystan Hugh Auden et Chester Kallman, ou encore We come to the River (1976) et The English Cat (1983) sur des livrets d’Edward Bond.
Professeur de Master classes de composition au Mozarteum de Salzbourg, de 1962 à 1967, Henze qui connaît en 1966 un succès éclatant avec son opéra Die Bassariden créé à Salzbourg, s’engage pour le marxisme, et participe au mouvement de 1968 en Allemagne.
Il crée sa Symphonie n°6 en 1969 à Cuba. En liaison avec ses nouvelles convictions politiques et philosophiques, Henze met en musique les poèmes de Enzensberger, Miguel Barnet ou Gaston Salvatore, poètes proches de l’idéologie socialiste. En tant que personnalité musicale reconnue, Henze crée les Cantieri Internazionali d’Arte à Montepulciano en 1976, en Toscane, et devient professeur (cours de composition à Cologne en 1980, Londres en 1987) et dirige depuis 1988, la Biennale de Munich.
Henze a composé dix symphonies, plusieurs pièces d’orchestre, des
concertos, de la musique de chambre, ainsi que de nombreuses musiques de
films (Muriel d’Alain Resnais en 1963, Derjunge Törless et Un amour de
Swann de Volker Schlöndorff en 1966 et 1983…).
Crédit photographique
Girodet, la mort de Phèdre (illustrations pour la Phèdre de Racine, 1801. Paris, musée du Louvre)
Hans Werner Henze (DR)
