en studio et en live
Berlin, 1950-1952
Audite poursuit son oeuvre de dévoilement discographique en republiant les archives de la RIAS, la Radio du secteur américain de Berlin, à l’initiative de ce cycle de 5 cd, qui regroupent les enregistrements live et en studio (3 premiers cd) du chef allemand Hans Knappertsbusch (1888-1965), entre 1950 et 1952. A l’époque, le musicien contemporain de Furtwängler et alternative de Karajan, fut plus ou moins réhabilité, après une période d’interdiction artistique pour allégeance avec les Nazis (de fait, « Knapperts » a conduit le Berliner Philharmoniker, alors étendard de l’excellence culturelle national-socialiste, partout en tournée européenne, de 1941 à 1944). Le maestro demeure le gardien de la tradition germanique classique, officiant entre Bayreuth, Munich et Vienne, vivifiant le lien organique entre les maîtres du répertoire romantique et symphonique allemand: Beethoven, Schubert, Wagner (il fut l’assistant en 1910 et 1912 de Siegfried Wagner et de Hans Richter au festival de Bayreuth et signa plusieurs versions de Parsifal et du Ring mémorables, en particulier convaincantes et célébrées légitimement à la fin des années 1950)… Il est intéressant de comparer les 8è de Schubert et Bruckner, présentées chacune dans une version en studio puis en live (plus tardive). L’accomplissement passe pour Knapperts par le concert dont la confrontation avec le vrai public demeure l’étape décisive dans le travail du chef et de son orchestre (Le Philharmonique de Berlin). Et souvent la prise en concert, live, est plus exaltée et vivante que la réalisation en studio. Même engagement sidérant et une sonorité chauffée à blanc, dans des tempi élastiques, qu’on a trop tôt et abusivement décrétés « trop lents », dans la 8è de Beethoven, la 9è de Bruckner, mais aussi les Strauss (les mille et une nuits, l’ouverture de La Chauve Souris, la Polka Pizzicato, respectivement de 1952 et 1950). Souffle, passion mais aussi ampleur de vue et théâtralisation symphonique sont le lot expressif de ces bandes, d’un apport majeur. Beethovénien, Brucknérien, Schubertien… Knappertsbusch qui compose ce standard de l’interprétation que le jeune et ambitieux Karajan voudra toujours dépasser, déborde tout autant de vie et de fièvre dramatique dans la Suite Casse-Noisette opus 71a de Tchaïkovski ou dans l’ouverture des Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolai.
Hans Knappertsbuch (1888-1965): the complete recordings RIAS, 1950-1952. Bruckner, Schubert, Beethoven, Johann Strauss II, Nicolai, Haydn, Tchaïkovski; Komzak II… Berliner Philharmoniker (prises studio et live). Coffret de 5 cd Audite.
