György Ligeti: Le Grand Macabre, 1978-1996 Bruxelles, La Monnaie. Du 24 mars au 5 avril 2009

Composé par György Ligeti entre 1974 et 1977, créé l’année suivante à Stockholm en 1978, Le Grand Macabre, inspiré de La Balade du Grand Macabre (1934) de l’auteur belge Michel de Ghelderode, est une succession de tableaux en apparence hétéroclites et détachés, une manière de collage qui sollicite les disciplines des arts musicaux et visuels. Le sujet emprunté à la danse macabre du Moyen-Age, lié au Jugement Dernier, fait intervenir apparitions fantasques et délirantes sur fond noir et sombre d’un apocalypse. L’humour dont témoigne Ligeti ne manque pas de cynisme. L’aigreur et le sarcasme voisinent avec la dénonciation du non sens de la condition humaine.

Ligeti s’amuse sur le plan formel à détourner le genre lyrique, en citant ou paraphrasant des extraits identifiables des opéras de Mozart, Monteverdi, ou Verdi. Citer pour transgresser, recycler en détournant les objets sélectionnés comme l’ont fait les plasticiens, alliant provocation et poésie, Picabia et Marcel Duchamps, avant Ligeti. Il s’agit d’un théâtre libératoire, délirant, expérimental qui retrouve la franchise cynique, la facétie fantasque de Mauricio Kagel (et son théâtre des instruments), ou un premier travail contenu dans Aventures et Nouvelles Aventures, composées par Ligeti en 1962-1965.

Sur le plan visuel, la scène de Ligeti convoque en pêle-mêle: les univers des peintres Bosch, Breughel et Roland Topor, le Pop Art anglais de Peter Blake, le théâtre de marionnettes et la bande dessinée. Le livret rédigé en allemand, co-écrit par Ligeti et Michael Meschke « structure » la partition hors-norme, en quatre tableaux. Ligeti a repris son ouvrage et écrit en 1996, une nouvelle version désormais référentielle en anglais, tout en indiquant que la pièce doit être donnée dans la langue du pays d’accueil.