L’Amant jaloux
1778
Mezzo en direct
Vendredi 13 novembre 2009 à 21h
Samedi 21 novembre 2009 à 17h
L’opéra Versaillais dans la place…
L’opéra Gabriel à Versailles (édifié dans le plus pur style néoclassique en 1770 pour le mariage du futur Louis XVI et Marie Antoinette d’Autriche) était fermé depuis 2007. Réouvert avec pompe et faste en septembre 2009, l’écrin historique qui a conservé son raffinement royal et ses quelques 660 places, connaît en novembre un temps fort de son histoire… musicale.
Retour au répertoire d’époque: une période captivante qui voit dans le sillon des lueurs baroques à leur crépuscule, déjà se profiler l’esthétique classique inspirée des Viennois et surtout ce goût nouveau préromantique pour le sentiment et la sensibilité des plus simples.
Favorisé par la volonté de la jeune Reine de France, à partir de 1774 quand meurt Louis XV, l’art musical en France connaît un nouveau souffle… grâce entre autres à l’arrivée des étrangers, favoris de Marie-Antoinette dont naturellement Gluck. Voltaire parle de nouveaux français porteurs d’un nouveau goût, l’avènement d’une nouvelle société, curieuse et eixgente, versée dans l’hédonisme artistique…
A la jeunesse des monarques répond une rupture de l’esthétique.
Créé à Versailles en 1778, donc idéal pour l’écrin restauré (et sécurisé), L’Amant Jaloux de Grétry s’intéresse comme son sous-titre le précise aux Fausses apparences (un voeu de clairvoyance visionnaire avant la révolution!).
C’est le plus grand succès de son auteur: une comédie grave, proche de Marivaux qui aime les contrastes opposés et galants (deux amants ténors y rivalisent en mettant en avant leur identité caractérisée, le Français et l’Espagnol), les vertiges d’une musique libérée, foisonnante et toujours juste, à mi chemin entre l’ivresse gourmande et dramatique de Rameau et les opéras amoureux du jeune Mozart.
Pour honorer les promesses de cet opéra inédit, qui fait réécouter le génie de Grétry entre suavité pastorale et dramatisme préromantique (lire aussi, autre révélation de cette fin d’année 2009, notre compte-rendu d’Andromaque, tragédie lyrique de 1781, récemment réhabilitée à Paris,en octobre 2009), le jeune chef classiciste en diable, Jérémie Rhorer, et son ensemble Le Cercle de l’harmonie,(qui viennent de publier un album dédié avec Philippe Jaroussky aux opéras de Jean-Chrétien Bach, intitulé « la dolce fiamma »), sauront plonger dans l’univers poétique et émotionnel du « grand Grétry », mis à l’honneur par le Centre de Musique Baroque de Versailles.
Le Centre s’est d’autant plus impliqué dans le projet qu’il a piloté pour l’occasion de cet Amour jaloux, la restitution des décors comme à l’époque… soit en 1778.
Diffusion événement. Direct le 13 novembre, puis différé le 21 novembre. D’autant que le chef fondateur du Cercle de l’Harmonie réunit un plateau vocal aussi alléchant que le fut celui de sa récente lecture de l’opéra de Haydn, L’infeldeta Delusa (1773), délice lyrique qui avait ébloui le festival d’Aix 2008.
Illustration: Grétry. Le verrou de Fragonard (1778: la toile du peintre contemporain de Grétry a été conçue à la même période que L’Amant jaloux, dévoilant les mêmes tendances stylistiques: effusion tendre du sentiment et économie mesurée des moyens expressifs avec ce trait porcelainé et une maestrià de la touche qui font le génie du grand « Frago »). Jérémie Rhorer (DR)