Parcourant tout le vaste territoire de la « CREA » (Communauté d’agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe, soit en 2010, 71 communes fédérées: la plus importante agglomération de France!), la 11ème édition du festival Transeuropéennes a débuté ce vendredi dernier 12 mars jusqu’au 27 mars 2010.
La thématique met à l’honneur l’impressionnisme, esthétisme souveraine dans le territoire en 2010 (dont une rétrospective impressionniste phare à l’été), tout en favorisant les valeurs fondatrices de l’événement: le partage, la rencontre, les métissages européens, déclinés dans tous les genres dont le classique évidemment (mais aussi la variété, la danse ou le théâtre)… où les jeunes talents sont favorisés et stimulés grâce à un programme d’échanges culturels formateurs.
En 2010, le festival a choisi pour marraine la chanteuse et poétesse, rockeuse impertinente et muse des métissages, Sapho. Née à Marrakech, la cantatrice atypique a donné le coup d’envoi des Transeuropéennes ce vendredi 12 mars 2010, au Théâtre Charles Dullin au Grand Quevilly. Elle manie le chant critique comme une arme élégante, a cette hyperféminité captivante et féline qui la fait Cassandre et Sybille, diseuse et conteuse hors pair dont le chant irradiant sait cibler les travers de notre barbarie moderne.
Au Grand Quevilly, Sapho chantait une Gnossienne d’Erik Satie: choix pertinent au regard de la thématique du festival cette année. « Piscine » est une reprise ancienne de la Gnossienne n°1: la diva du verbe engagé y explore des alliances rutilantes et sonores, simplement mais magnifiquement accompagnée par la guitariste Nadia Gerber. Satie andalou, flamenco, soudainement orientalisé, l’offrande éblouit par son rythme audacieux, son sens des harmonies, sa cadence chaloupée d’une fluide et totale impertinence…
En seconde partie de soirée, place était offerte aux jeunes instrumentistes de l’Ensemble Interculturel de Munich sous la direction de Yoel Gamzou, jeune maestro de moins de 30 ans! Heureuse programmation où les très jeunes interprètes allemands « osaient » se frotter aux subtilités évanescentes du Prélude à l’Après midi d’un Faune de Debussy: souci des alliances de timbres, clarté préservée des pupitres (en particulier altos, violons, bois, vents et cors), l’engagement est sincère et la passion se dévoile dans une Fantastique (1830) de Berlioz, nerveuse, au muscle contrasté dont l’énergie montre tout ce que la jeunesse peut apporter au romantisme triomphant (grimaces rythmiques de la Marche au supplice et sa coda terrifiante; évocation onirique de l’idée fixe; maelström apocalyptique de la fin…). Le chef ne ménage pas ses confrères, les conduisant jusqu’au bout de leurs possibilités.
Grand Quevilly. Théâtre Charles Dullin, le 12 mars 2010. 11èmes
Transeuropéennes. Satie, Debussy, Berlioz. Sapho, Ensemble
interculturel de Munich. Yoel Gamzou, direction.
Transeuropéennes 2010. Retrouvez Sapho, en récital, le 16 mars à Sotteville-lès-Rouen (Trianon, à 20h30): l’artiste y chante les airs de son dernier album « Universelle ». Pendant tout le festival, de nombreuses conférences explicitent l’écriture impressionniste; sans omettre les rendez vous de musique classique dont l’Orchestre Symphonique du Conservatoire Royal de musique de Liège (Patrick Baton, direction), les 19 et 20 mars 2010 dans un programme Satie, Ravel, Yerneaux… Temps fort: Le Zénith de l’impressionnisme, les 26 et 27 mars 2010 à partir de 19 h (soirées de clôture, Zénith de la Créa, Grand Quevilly): restitution d’un cabaret parisien de la fin du XIXè avec crieurs, vendeurs, atelier de peintre, cabaret à chansons… Avec Sapho. Mise en scène: Jean Manifacier. Toutes les infos sur le site du 11è festival Transeuropéennes 2010.
Pour chaque spectacle: entrée
gratuite
dans
la limite des places disponibles. Réservation par téléphone uniquement
(02 35 52 93 93) vivement conseillée. Tout billet non retiré 10 mn
avant chaque spectacle est remis à
disposition du public présent. Pour les 2 soirées de clôture des 26 et
27 mars, le public est invité à se présenter directement sur place à
partir de 19h.
