lundi 28 avril 2025

Gluck: Ezio. Alan Curtis, Complesso Barroco Mezzo, les 13 et 21 mars 2009

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Christoph Wilibald Gluck
Ezio
(Prague, 1750. Vienne, 1764)

le 13 mars 2009 à 20h25
le 21 mars 2009 à 17h


Opéra héroïque

Le livret de Métastase a été mis en musique pour la première fois à Rome en 1728 par le compositeur Pietro Antonio Auletta. Il s’agit de l’un des livrets les plus portés sur la scène lyrique à l’époque de l’essor de l’opéra seria, avec entre autres la lecture qu’en donne Haendel, en 1732 (donné sur la même scène de Poissy en septembre 2008 par le même Curtis grâce à la générosité de Dona Leon), soit près de 41 reprises et adaptations musicales dont celle plus tardive de Gluck. Ce dernier laisse deux versions: 1750 (Prague), 1763 (Vienne)… La plus récente, profite des éléments esthétiques de la réforme théâtrale et musicale réalisée par le compositeur, ardent défenseur d’une lecture toujours plus claire, simple, vraie, surtout cohérente sur le plan dramatique (action resserrée, airs équilibrés, puissance des choeurs…), n’hésitant pas à infléchir les caprices des chanteurs si la nécessité du drame le commande.


Synopsis


Massimo veut se venger de l’Empereur Valentiniano car il a humilié son épouse. Sa fille Fulvia est de surcroît la promise de l’Empereur détesté: Massimo profite du retour du général victorieux Ezio fiancé à sa fille Fulvia, pour réaliser sa vengeance.
La haine entre l’Empereur jaloux et le général trompé est attisée, d’autant que la soeur de Valentiniano, Onoria, qui aime Ezio sans retour, ne souhaite que la chute de celui qui la repousse.
L’attentat fomenté par Massimo échoue: Ezio est suspecté, puis arrêté, enfin condamné par l’Empereur. Le préfet Varo feint d’avoir exécuter le général traître. Mais les complices sont démasqués: Fulvia s’accuse, prête à mourir puisqu’elle pense Ezio, mort. Massimo soulève le peuple, l’Empereur va être détrôné puis exécuté, mais Vero dévoile que Ezio na pas été tué; Massimo s’adoucit: l’Empereur a été défait. Et Ezio peut épouser la seule femme qu’il aime, la loyale et fidèle Fulvia.


Fulvia, ancêtre des Fidelio et Aïda…





L’opéra de Métastase met en avant l’héroïsme des personnages éprouvés par le destin. Empereur obtus (Valentiniano), prince (Massimo) humilié, haineux et triomphant, surtout amoureuse à l’indéfectible amour. (Fulvia).. L’esprit des lumières inspire au poète officiel de la Cour impériale de Vienne une apologie de l’amour vertueux, défiant tout (Amor vincit omnia), malgré la force de la haine, la puissance politique (Valentiniano), la jalousie destructrice (Onoria). Au final, après moultes intrigues et revers de fortune, le couple des amants sincères, Ezio et Fulvia, se retrouvent en conclusion. Leur bonheur est d’autant plus légitime que Ezio, général protagoniste du livret, mérite honneur et gloire car il a mérité par ses hauts faits d’armes (il est revenu à Rome, comme vainqueur d’Attila). Or on sait depuis les Egyptiens, que l’or est réservé pour la gloire des généraux vainqueurs. Verdi s’en souviendra lui aussi dans Aïda: Radamès apporte à Pharaon, la gloire tant attendu sur les éthiopiens… Un examen précis du livret d’Ezio indique que le personnage le plus approfondi demeure non pas le rôle-titre mais plutôt celui de Fulvia, ancêtre des Fidelio et Aïda… dont l’éclat émotionnel a été mis en lumière par Cecilia Bartoli dans son album des Arias de Gluck… lequel s’ingénie d’ailleurs à mettre musicalement en avant la vertu de son héroïne en contraste avec le tumulte des hommes qui l’environnent, inspirés par les intrigues et les calculs pervers.

Gluck observe strictement la volonté d’héroïsation et de moralisation de Métastase. Ezio est une fresque antique dont la forme épurée, claire, suit le drame avec clarté et parfois emphase. Mais le portrait musical réservé aux héros: Massimo, Fulvia, Ezio (tous opposés à l’autorité impériale) fait tout l’intérêt de l’ouvrage. Pour l’adaptation française de son Orphée et Eurydice à Paris en 1774, le compositeur puise dans Ezio, l’air de bravoure qui conclue le premier acte (L’espoir
renaît à mon âme »).

Ezio de Gluck. Version Concert filmée au Théâtre de Poissy le 18 novembre 2008. Réalisation: Michel Swierczewski, 2h25mn). Avec Sonia Prina, Max-Emmanuel Cencic, Ann Hallenberg, Mayuko Karasawa, Julien Pregardien. Il Complesso Barocco. Alan Curtis, direction.


Distribution à Poissy

Ezio: Sonia Prina
Fulvia: Ann Hallenberg
Valentiniano: Max-Emmanuel Cencic
Massimo: Robert Breault
Onoria: Mayuko Karasawa
Varo: Julien Prégardien

Il Complesso Barocco
Alan Curtis, direction

Illustrations:
1. La Florentine par Hippolyte Flandrin (vers 1840)
2. Le chevalier Gluck, peint par Duplessis à l’époque de son séjour à Paris, alors protégé par la Reine Marie-Antoinette dont il fut professeur de musique à Vienne.

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