Giuseppe Verdi
Simon Boccanegra
Quels enjeux pour la partition? Quelles en sont les meilleurs interprètes? Bilan sur l’opéra de Verdi qui a repris à plusieurs occasions son ouvrage lyrique, l’un des plus aboutis nés sous sa plume…
Créé dans sa première version à Venise, le 12
mars 1857, Simon Boccanegra connaît une révision par le compositeur et
son librettiste d’alors, Boito ; cette seconde version est créée à
Milan le 24 février 1881.
mars 1857, Simon Boccanegra connaît une révision par le compositeur et
son librettiste d’alors, Boito ; cette seconde version est créée à
Milan le 24 février 1881.
Le travail de Verdi a produit un ouvrage
violent et sombre, d’une profondeur sincère que l’on redécouvre aujourd’hui, sur le pouvoir et l’amour. Dans l’opéra, le
compositeur n’hésite pas à traverser les générations et les temps d’un
destin héroïco-tragique, celui du capitaine devenu doge, Simon Boccanegra… pas moins de 25
ans séparent en effet le Prologue du début du I.
violent et sombre, d’une profondeur sincère que l’on redécouvre aujourd’hui, sur le pouvoir et l’amour. Dans l’opéra, le
compositeur n’hésite pas à traverser les générations et les temps d’un
destin héroïco-tragique, celui du capitaine devenu doge, Simon Boccanegra… pas moins de 25
ans séparent en effet le Prologue du début du I.
Le jardin des critiques
Dimanche 6 novembre 2011 à 14hFrance Musique
En Simon Boccanegra, il
faut voir la figure tutélaire du politique vertueux, pacifiste et bon
père. Comme dans Luisa Miller, Rigoletto ou Aïda, la relation fille-père
est une donnée psychologique importante dans l’approfondissement
poétique de l’ ouvrage. C’est évidemment un thème très cher au
compositeur. Mais ici, la filiation résonne d’une vérité singulière:
l’accomplissement du destin de Boccanegra se réalise par l’assentiment
de la fille Amelia/Maria, enfin démasquée… Voici une autre fille
restée cachée à l’abri des intrigues et des convoitises (comme Gilda
dans Rigoletto)…
faut voir la figure tutélaire du politique vertueux, pacifiste et bon
père. Comme dans Luisa Miller, Rigoletto ou Aïda, la relation fille-père
est une donnée psychologique importante dans l’approfondissement
poétique de l’ ouvrage. C’est évidemment un thème très cher au
compositeur. Mais ici, la filiation résonne d’une vérité singulière:
l’accomplissement du destin de Boccanegra se réalise par l’assentiment
de la fille Amelia/Maria, enfin démasquée… Voici une autre fille
restée cachée à l’abri des intrigues et des convoitises (comme Gilda
dans Rigoletto)…
Nommé doge de Gênes grâce à l’appui d’un complice peu scrupuleux
qui se révélera être ensuite son assassin, Simon Boccanegra donne
prétexte au compositeur-dramaturge pour illustrer les conflits qui
naissent quand il faut concilier la défense du bien et l’exercice du
pouvoir. Point culminant de l’œuvre, la scène du Grand Conseil où la
stature du politicien démêle les intrigues, faisant entendre sa voix,
indiscutable. Or marin par son origine, celui qui a été nommé au poste
suprême, sent qu’il doit, tôt ou tard, payer sa réussite. Cette
acceptation philosophe, fatalisme et stoïcisme, donne une profondeur
troublante au personnage,
l’un des rôles les plus attachants du théâtre verdien: homme d’action,
de décision, puis politique habité par le renoncement et
l’accomplissement. Un rôle écrasant
et stimulant pour tous les barytons: humain, héroïque, comme peut
l’être celui tout autant sublime et shakespearien de Rodrigue, comte de
Posa dans Don Carlos…
qui se révélera être ensuite son assassin, Simon Boccanegra donne
prétexte au compositeur-dramaturge pour illustrer les conflits qui
naissent quand il faut concilier la défense du bien et l’exercice du
pouvoir. Point culminant de l’œuvre, la scène du Grand Conseil où la
stature du politicien démêle les intrigues, faisant entendre sa voix,
indiscutable. Or marin par son origine, celui qui a été nommé au poste
suprême, sent qu’il doit, tôt ou tard, payer sa réussite. Cette
acceptation philosophe, fatalisme et stoïcisme, donne une profondeur
troublante au personnage,
l’un des rôles les plus attachants du théâtre verdien: homme d’action,
de décision, puis politique habité par le renoncement et
l’accomplissement. Un rôle écrasant
et stimulant pour tous les barytons: humain, héroïque, comme peut
l’être celui tout autant sublime et shakespearien de Rodrigue, comte de
Posa dans Don Carlos…
Approfondir
Lire aussi la critique des DVD Simon Boccanegra avec dans le rôle-titre Thomas Hampson (TDK) et Placido Domingo, qui à presque 70 ans, renouvelle l’interprétation du rôle clé conçu par Verdi et Boïto (EMI) et (Sony classical).
Giuseppe Verdi
Simon Boccanegra
Mélodrame en un prologue et trois actes, livret de Francesco Maria Piave et Arrigo Boito
d’après la pièce d’Antonio Garcia Guttierrez
d’après la pièce d’Antonio Garcia Guttierrez