dimanche 4 mai 2025

Giuseppe Verdi: Macbeth. Currentzis, Tcherniakov Opéra de Paris, à partir du 4 avril jusqu’au 8 mai 2009

A lire aussi

Giuseppe Verdi
Macbeth
(1847-1865)

Paris, Opéra Bastille
Du 4 avril au 8 mai 2009

Pour l’Opéra de Paris, grâce à l’initiative de Gérard Mortier qui en a
défendu dès le départ, le projet original, un duo gréco-russe, détonant
investit le drame shakespearien Macbeth, après avoir ébloui et frappé
dans la mise en scène d’Eugène Onéguine (Palais Garnier, septembre 2008)

Currentzis de Novossibirsk

Le chef d’orchestre grec Teodor Currentzis qui a suivi l’enseignement du mythique Ilya Musin (professeur et formateur des incontestables Temirkanov, Gergiev, Bychkov…) est l’hyperactif directeur de l’opéra de Novossibirsk, un monumental théâtre édifié à l’époque de la démesure stalinenne. On lui doit un récent Didon et Enée, de Purcell, dépoussiérant et personnel, qui a été heureusement fixé au cd par Alpha. Options vocales, sens dramatique, tension expressive: les caractères sont là et témoignent d’un indiscutable tempérament théâtral. Qui a suscité aussi la réaction violente de certains…
Cette production de Macbeth a été créée en décembre dernier (2008) à Novossibirsk et vient donc occuper la scène de l’Opéra de Paris, à partir du 4 avril 2009. Le metteur en scène Dmitri Tcherniakov (né à Moscou en 1970), auquel nous devons la formidable dramatisation scénique d’Eugène Onéguine au Palais Garnier en septembre 2008, participe à l’aventure: les deux hommes se sont déjà retrouvé autour d’une production d’Aïda de Verdi à Novossibirsk.


Macbeth version Tcherniakov

Son regard sur Onéguine, présenté à Paris en septembre 2008 fut âpre, froid, d’une fine et glaçante analyse sur les êtres inadaptés et déconstruits, Onéguine et Tatiana… Qu’en sera-t-il pour les Macbeth, autre couple de protagonistes, dévorés par l’ambition et la soif de possession et de pouvoir, puis rattrapés par le poids de leur culpabilité?
Tcherniakov, qui a dessiné les costumes, volontiers sans précision historique, a choisi la seconde version de Macbeth, celle de 1865, ici chantée en italien, plus dense et cohérente, plus aboutie aussi sur le plan musical, mais avec le dernier monologue de Macbeth qui provient de la première version de 1847: ainsi, ce Macbeth parisien achève -t-il toute l’histoire du sujet, à commencer par fermer la boucle dans la destinée du héros principal. Son personnage n’en a que plus de présence et de grandeur dérisoire… et pathétique.

Macbeth et les sorcières

Le metteur en scène éclaire la folie fusionnelle qui aimante les deux époux; ce qui les oppose aussi aux autres: tout ce qui se dresse face à leur conquête du pouvoir, est froidement assassiné. Mais Dmitri Tcherniakov s’intéresse aussi au véritable lien conflictuel qui affronte Macbeth à son destin, le roi homicide aux sorcières dont chaque scène occupe le noeud de l’action. Le lieu du drame se passe en définitive dans l’esprit du héros, soumis et inféodé aux lois qui le sublmergent.
En définitive, les sorcières manifestent les forces obscures qui dévorent et consument le pauvre esprit dérangé du roi Macbeth. Voilà qui rétablit la place du souverain vis de son épouse, la terrifiante et provocante Lady Macbeth que la tradition a tendance à mettre un peu trop en avant… Il est vrai que le rôle a permis aux soprano à tempérament de s’imposer et de voler d’ordinaire, la vedette au baryton.

Illustrations: Teodor Currentzis, Dmitri Tcherniakov (DR)

Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 2 mai 2025. PUCCINI : Il Trittico. A. Grigorian, R. Burdenko, M. Kiria, J. Guerrero, K. Mattila… Christoph...

Il Trittico de Giacomo Puccini, actuellement présenté à l’Opéra Bastille - dans une production (issue du Festival de Salzbourg)...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img