mardi 6 mai 2025

Giuseppe Verdi: Luisa Miller, 1849. Oren, DefloParis, Opéra Bastille. Du 7 mars au 1er avril 2011

A lire aussi
Giuseppe Verdi 1813-1901)
Luisa Miller, 1849

Les spectateurs à l’Opéra Bastille ne devraient pas se fier à
l’apparente innocence des décors de la mise en scène conçue par Gilbert
Deflo: vertes prairies, montagnes décoratives d’un Tyrol d’épinal… Ce
que se passe sur scène est bien noir et tragique, d’une implacable
horreur: deux jeunes coeurs romantiques y sont bien sacrifiés par leurs
géniteurs, directement (Walter) et indirectement (Miller) impliqués. La
force de Verdi est de porter le mélodrame de Schiller vers l’action
sanguinaire où deux âmes trop pures sont égorgées, ni plus ni moins.
Luisa,
fille d’un soldat à la retraite qui a le sens de l’honneur, aime
Carlo qui en fait, n’est autre que Rodolfo, fils du Comte Walter, lequel
aurait bien préféré voir sa progéniture épouser la riche Duchesse
d’Ostheim. Machiavéliques, pernicieux et manipulateurs, le Comte Walter
et son secrétaire Wurm, véritable suppôt du diable, piègent la pauvre
Luisa, coeur innocent trop vulnérable pour résister à la barbarie
environnante. Mais à vouloir forcer la jeunesse, les pères trop
inflexibles, perdront celle et celui en lesquels ils avaient déposé leur
avenir.

Luisa Miller met fin à une première période créative où Verdi avait
surtout mis en avant l’hymne triomphal des choeurs patriotiques, ce qui
lui avait valu un succès immédiat auprès de la nation italienne remontée
contre les autrichiens , pour reconquérir leur indépendance. La partition plus
intimiste, plus serrée, tragique et noire, annonce les grands ouvrages
dramatiquement fulgurants que sont Rigoletto / Traviata / Trouvère (qui
composent la fameuse trilogie de la maturité).

Verdi approfondit en miroir avec la psychologie de plus en plus
nuancée de ses personnages, la part de l’orchestre, qui impose de
nouveaux climats poétiques, dévoilant entre autres, de superbe pages où
le sentiment de la nature s’épanche sans limite. Le seul rôle de Luisa
suffit à comprendre tous les registres convoqués par Verdi: ni vraiment
légère, ni trop crédule, pas encore déterminée: Luisa est un coeur
loyal, aveuglée par sa candeur et sa pureté.

Opéra en trois actes. Livret de Salvatore Cammarano d’après le drame
Kabale und Liebe de Friedrich Schiller. A l’affiche de l’opéra Bastille,
du 7 mars au 1er avril 2011
. Mise en scène, Gilbert Deflo. La reprise de la production est d’autant plus prometteuse qu’elle affiche deux tempéraments lyriques à suivre: Krassimira Stoyanova (Luisa) et Marcello Alvarez (Rodolfo)…

Illustration: Giuseppe Verdi (DR)

Derniers articles

OPÉRA ROYAL DE VERSAILLES. RAMEAU : Les Fêtes de Ramire, jeu 22 mai 2025. Apolline Raï-Westphal, David Tricou, … La Chapelle Harmonique, Valentin Tournet

Récemment le festival d’Aix (2024) a réalisé une reconstruction plus ou moins réussie du fameux Samson opéra envisagé à...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img