Giuseppe Verdi
I due foscari
Paris accueille les 19 puis 21 mai 2011 (TCE), le 6ème ouvrage lyrique de Verdi: un opéra de jeunesse certes quoique très bien ficelé: I Due Foscari, créé le 3 novembre 1844 à l’Argentina de Rome.
C’est à dire peu de temps après ldctriomphe d’Ernani, créé 8 mois auparavant. Si l’auteur en un regard rétrospectif plutôt critique voire sévère juge son œuvre résolument terne, lisse voire ennuyeuse, digne d’ ‘un enterrement, l’action n’en demeure pas moins prenante: Francesco Maria Piave s’inspire du roman éponyme de Byron (The two Foscari). A Venise, au XVème siècle, le fils du doge Francesco Foscari, Jacopo, accusé (à tort) du meurtre d’un membre du Conseil des 10, doit quitter la Cita: condamné à l’exil, il vit la séparation d’avec sa femme (Lucrezia, personnage créé par Marianna Narbieri Nini future Lady Macbeth!), comme une blessure… Et meurt de désespoir. Puis, le père, démis de sa fonction, expire lui aussi sous le coup d’une terrible intrigue politique.
Francesco annonce Simon
En 1h45, Verdi brosse me portait de ses deux âmes condamnées, sujets d’une apparente malédiction. Compositeur meurtris, Verdi excelle dans l ‘expression sombre de la solitude des puissants. Ses Foscari annoncent en bien des aspects, le fil noir et ténébreux de Simon Boccanegra , autre doge solitaire et fragilisé, mais celui-ci gouverneur de Gênes. D’ailleurs le profil de Francesco prépare par son ampleur tragique et sa finesse psychologique … Simon lui-même. Pas surprenant que pour le distribuer, nous retrouvions des barytons légendaires tels Piero Capuccilli, Léo Nucci, Renato Bruson… Tous fiers et convaincants Boccanegra. Comme aujourd’hui Placido Domingo… Époustouflant baryton verdien (y compris Rigoletto)… La production parisienne annoncée en mai 2011 devrait rétablir la filiation entre Francesco et Simon, l’un préludant à l’autre…
Court, resserré, l’ouvrage ne laisse aucune pause aux protagonistes comme aux spectateurs qui n’ont guère le temps de s’ennuyer…
Saluons donc la production d’ I due Foscari, tel un évènement, d’ autant que dans la distribution, Manon Feubel, récente recréatrice de la cantate Didon de Charpentier (1887) qui valut à l’auteur le Prix de Rome , chante Lycrezia… Et demain, chantera y elle Lady Macbeth?
Paris, TCE. Les 19 et 21 mai 2011: Verdi: I due Foscari. Version de concert. Daniele Callegari, direction.