Pergolèse
Salustia, 1731
Mezzo
Le 6 septembre 2008 à 20h30
Le 19 septembre 2008 à 10h
Le 28 septembre 2008 à 17h
Lundi 13 octobre 2008 à 17h
Giovanni Battista Pergolesi compose son premier opéra Salustia en 1731. Le castrat Nicolino, star du chant napolitain d’alors qui devait créer le rôle-titre décéda peu de temps avant la création et l’ouvrage ne fut probablement jamais joué du vivant du compositeur italien. Première et résurrection annoncée comme un événement par le Festival de Montpellier, l’œuvre dans sa forme dépouillée scénographiée par Jean-Paul Scarpita, bien peu inspiré par l’opéra baroque du Settecento, se révèle néanmoins, malgré des coupes maladroites qui affectent surtout les superbes arias, moins le tunnel des récitatifs souvent longs et ennuyeux (faute aux interprètes qui manquent souvent d’intelligence théâtrale et d’articulation ciselée) ?). Caprice du metteur en scène, en décalage avec l’action originelle et sa pureté tragique, la pluie qui corrompt la lisibilité du troisième acte (voix et orchestre couverts par le crépitement de la matière liquide) ; mais l’aspect visuel ne manque pas de piquant, en permettant aux danseurs, en second plan, de dévoiler leur nudité antique, rappelant la poésie des peintres classiques dont les corps peints, sculptés dans la lumière, réactivent le canon de l’idéal de la Renaissance. Antonio Florio et sa Cappella de’Turchini savent exprimer la rhétorique expressive du premier théâtre musical de Pergolèse, avec une attention aux mots, à la puissance invocatoire du texte, ce que n’offre pas l’opéra suivant du compositeur, Adriano in Siria, qui s’inscrit davantage dans le moule des opéras napolitains, où la performance vocale concurrence Haendel à Londres et Vivaldi à Venise. Déjà mise en avant dans la Statira de Cavalli, Maria Ercolano égratigne en permanence la pure vocalità du rôle-titre en particulier à cause de son vibrato envahissant et une ligne musicale en déséquilibre. A suivre, les sopranos Valentina Variale (Albina) et Raffaella Milanesi (Giulia), surtout la mezzo Marina De Liso (Marziano) : tempérament, ardeur, fougue musicale et solidité technique. Tout n’est guère convaincant dans cette production défricheuse mais en faisant son tri, le spectateur amateur d’opéra baroque, y détectera quelques perles qui rendent le spectacle finalement captivant.
Giovanni Battista Pergolesi : Salustia, opéra en trois actes. Opéra enregistré à Montpellier, Festival Radio France, juillet 2008. Cappella de’Turchini. Antonio Florio, direction.