Chambrisme fièvreux du Beethoven et Mendelssohn français
Comme Liszt et Berlioz, Onslow suit à Paris les cours de Reicha au Conservatoire (harmonie, contrepoint, fugue, dès 1808). C’est curieusement à Paris que Reicha transmet au jeune Onslow le poison sublimateur d’une autre passion, le goût puis le style des Grands Viennois: Haydn, Mozart, Beethoven… Sainte trilogie qui vient encore enrichir la vive curiosité d’un immense compositeur enfin redécouvert et estimé à sa juste valeur. Rival de Berlioz à Paris, Onslow défend face au héros de la Fantastique, sa qualité par son écriture pleinement assumée germanisante. Beethovénien dans l’âme, Onslow conduit aux rives postérieures de Schubert et de Mendelssohn dont il est l’ami depuis 1830 et dont il partage cet optimisme à toute épreuve, une santé musicale conquérante (dernier mouvement du Sextuor de 1825). Estimé, vénéré de son temps, Onslow succède à Cherubini à l’Institut en 1842, suprême honneur et consécration auxquels Berlioz devait rêver toute sa vie… Vrai tempérament taillé pour le chambrisme le plus palpitant, surtout après l’échec répété de ses trois ouvrages lyriques (L’Alcalde de la Vega, le Colporteur, Guise), George Onslow apparaît ici sous son meilleur profil, de surcroît avec ce mordant souple des instruments joués pour cette première intégrale: l’Italie et l’opéra sont présents (mouvement lent du Septuor avec hautbois…). Autour du piano roi, souverain des récitals de salons, les vents proposent des éclats instrumentaux où le clavier ne fait pas que sortir vainqueur (même si cela est quand même le cas dans le Sextuor, oeuvre la plus ancienne): il s’agit aussi de dialogues concertants, de chants sollicitant chaque timbre avec une sensibilité de peintre. Ainsi, le Nonetto écrit pendant un séjour anglais en 1846, en hommage au Prince Albert, l’époux mélomane (et compositeur à ses heures) de la Reine Victoria. Son succès en 1849 dans les cercles les plus huppés tient à cette circulation entre chaque instrument: une ronde hyperactive et hypersensible où le piano est absent. Saluons la souplesse des instrumentistes des deux ensembles réunis (Contraste et surtout Initium) d’une exquise entente cordiale, faite de bonhommie et de suprême élégance: dédicace oblige. Egalement au tournant des années 40/50, l’admirable Quintette à vent montre combien le haut artisan Onslow sait aussi assimiler les performances de la facture à son époque: la partition met en lumière cette virtuoisité si finement mesurée qui évite l’effet comme la facilité s’ils ne servent pas une intention juste et dramatique. C’est dire au final la qualité interprétative et l’excellent apport musical de ce double disque, cautionné par le Palazzetto Bru Zane à Venise. Incontournable.
George Onslow (1784-1853): l’oeuvre pour vent. Sextuor, opus 30; Septuor opus 79. Nonetto opus 77, Quintette à vent opus 81. Ensembles Initium et Contraste.
2010,
2h14mn,
2 cd Timpani 3 377892 321856