lundi 5 mai 2025

Fuoco e Cenere. Jay Bernfeld, directionDu 18 juillet au 2 septembre 2007

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Fuoco e Cenere
Jay Bernfeld

, direction

L’une des plus récentes formations sur instruments anciens, emprunte son imaginaire au mythe du Phénix: « Fuoco e Cenere » pour le feu et les cendres. Ici, l’embrasement des instruments et des voix réalise l’expression des passions humaines, telle que l’ont ouvragée les compositeurs, de la Renaissance au XVIIIème siècle.
L’ensemble fondé par le violiste Jay Bernfeld entend restituer l’intensité émotionnelle des instruments en complicité avec la voix. Plusieurs réalisations au disque, associant un chanteur soliste à la partition des musiciens de l’Ensemble, témoignent de cette alliance concertée entre instrumental et vocal: « Canta Napoli« , enregistré avec le ténor Mathieu Abelli, ou « Gentil mia donna, Petrarca e la musica« , avec la mezzo soprano Guillemette Laurens… La couleur spécifique de Fuoco e Cenere découle de cette étroite fusion des timbres: flûte (Patricia Lavail), violons, violes, harpe, guitare et théorbe. Jay Bernfeld s’intéresse en particulier à l’assise et à la plasticité du continuo qui ne se fait pas seulement accompagnateur mais aussi personnage à part entière du drame. Chef et musiciens se sont illustrés ainsi dans le genre du madrigal et de l’opéra. C’est un travail d’orfèvres et de poètes dont la pratique s’est révélée convaincante au travers de concerts et de réalisations discographiques dont le dernier opus attendu (à venir en septembre 2007 chez Arion), reste La Dafne de Marco da Gagliano (1608), opéra contemporain de l’Orfeo de Monteverdi (1607) et qui permet en 2007 à l’Ensemble de célébrer à sa façon, les 400 ans du genre lyrique.

Aux origines de l’opéra italien

Marco da Gagliano, aux côtés de Jacopo Peri et de Monteverdi, oeuvre au début de l’âge baroque à l’avènement de l’opéra italien. En témoigne sa Dafné, composé à 26 ans, en 1608, un an après l’Orfeo de Monteverdi. Ecrite en stile moderno, c’est à dire selon le principe monodique, l’ouvrage emprunte encore à la tradition madrigalesque, usant à la perfection du recitar cantando, articulation naturelle du texte. Dans sa préface, Da Gagliano précise ses intentions et son ambition dramatique: tout en laissant quelques indications de mise en scène, il souhaite contraindre le chanteur en l’invitant à ne pas servir l’unique virtuosité mais surtout à favoriser la vraisemblance théâtrale des sentiments représentés. Gagliano a ensuite collaboré avec Peri pour plusieurs divertissements à la Cour de Florence. Le texte mis en musique par Da Gagliano fut écrit pour un divertissement précédent, par Ottavio Rinuccini en 1598 pour la Dafne de Peri et Corsi (créée à Florence au moment du Carnaval). Outre la version de 1608 de Da Gagliano, Schütz mit également en musique le livret de Rinuccini, donnant ainsi naissance au premier opéra germanique (créé le 1er avril 1627 au château de Hartenfels à Torgau).

Aimée d’Apollon

Parce qu’il s’agit de renouer avec l’antique tragédie grecque et que les premières tentatives pour un théâtre musical sont liées au cercles des érudits de la Renaissance, le sujet des premiers opéras italiens sont naturellement mythologiques. Si Monteverdi choisit Orfeo, et avant lui encore, si Peri en 1600 choisit Euridice, Da Gagliano s’intéresse à la fable de Dafné dont la beauté saisit le dieu Apollon. Mais la jeune femme en aime un autre. Elle reste fidèle à son aimé, résiste aux avances de la divinité qui jaloux foudroie son rival mortel. Endeuillée, Dafne invoque le ciel. Sa plainte émeut les dieux qui la change en laurier, symbole d’éternel amour. Apollon qui ne peut vaincre son désir, promet de l’honorer en portant sur sa tête, une couronne de feuilles de laurier… Langueur amoureuse, vertiges et plaintes tragiques, désir et mort, Eros et Thanatos, sont les sentiments désormais emblématiques de l’opéra italien à sa naissance.

Agenda

Pendant l’été 2007, chanteurs et musiciens de Fuoco e Cenere jouent plusieurs programmes dédiés à Buxtehude, en liaison avec le tricentenaire de la naissance du compositeur baroque; à Bach; aux musiciens baroques français. C’est aussi La Dafne de Marco Da Gagliano, donnée en septembre 2007, au moment de la parution discographique de leur lecture:

Le 18 juillet 2007 à 12h30
Festival de Saintes (Cantates BuxWV78)

Le 20 juillet 2007 à 12h30
Festival de Saintes (Cantates BuxWV41)
A 20h: Cantate BuxWV75 « Membra Jesu Nostri »

Le 28 juillet 2007 à 20h30
Festival de la dame des Aulnes à Halsou (64): oeuvres de Buxtehude, Sance, Durante

Le 1er août 2007 à 21h
Festival voix d’été en Creuse à Ahun (23): Canta Napoli
400 ans de chansons napolitaine
Programme du disque éponyme (Arion)
Mathieu Abelli, ténor

Le 3 août 2007 à 21h
Festival Baroque en Tarentaise (73)
Bach, Haendel, Telemann

Le 10 août 2007 à 21h
Festival de Lannion (22)
Bach, Haendel, Telemann

Le 2 septembre 2007 à 12h
Festival Sinfonia en Périgord à l’abbaye de Brantôme (24)
Musique baroque française

Le 2 septembre 2007 à 16h
Festival Sinfonia en Périgord à l’abbaye de Brantôme (24)
La Dafne de Marco da Gagliano (1608)

Discographie
Benedetto Marcello: Salmi di Davide, 2001 (1 cd Atma classique)
Gentil Mia Donna, « Petrarca e la musica », 2004 (1 cd Arion)
Canta Napoli, 2006 (1 cd Arion)

Illustration

Jay Bernfeld (DR)

La Dafne de Marco da Gagliano (visuel de la production 2007)

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