Ministre de la culture
Un homme de réflexion, de culture et des medias pour la culture
Christine Albanel sera restée deux ans à la tête du Ministère de la culture. C’est à la fois peu et beaucoup. Sans discuter des compétences de l’intéressée, née Toulousaine en 1955, L’Elysée a toujours reprocher à l’ex Ministre, plume de Jacques Chirac, son manque d’enthousiasme et sa faible capacité à convaincre, par manque de charisme et de proximité réelle avec les artistes. Plus technocrate et administrative qu’affective et persuasive: elle aura perdu très vite son poste de porte-parole du gouvernement… La nommination du producteur et distributeur de cinéma Marin Karmitz (MK2) à la tête du conseil pour la création artistique, avait fini de confirmer la « disgrâce » de Christine Albanel.
Nommer Frédéric Mitterand au poste de la Culture c’est peut-être marquer une nouvelle proximité de Nicolas Sarkozy avec non plus les stars bling bling des plateaux people et variétés. Suivant la recommandation de son épouse, le Président aurai-til souhaité afficher un nouveau geste favorisant la culture des intellos et des créateurs? En mal de duos historiques à la De Gaulle/Malraux, ou Mitterand/Lang, Nicolas Sarkozy mise désormais sur le neveu de François, pour réaliser cette image forte d’un président culturel voire cultivé, soucieux de défendre l’idée d’un pays artistique inventif, audacieux, qui concilie art et populaire.
Le profil de Frédéric Mitterand offre l’image de cette ambition qui semble dans le fond confondre culture et communication. Le choix du Président indiquerait-il néanmoins une nouvelle conception de la culture?
Il sera demeuré un an à Rome, comme directeur de la Villa Médicis (l’Académie de France à Rome), depuis début juin 2008. L’ex écrivain et rédacteur-animateur pour la télévision, directeur général de TV5 Monde avant de rejoindre Rome, bien que portant le nom du président socialiste, a voté Chirac et devait en partie sa nomination romaine à l’épouse actuelle du Président Sarkozy. A 62 ans, Frédéric Mitterand, figure atypique, homosexuel assumé, devrait marquer une toute nouvelle histoire du Ministère de la culture. L’amateur des vieilles noblesses européennes et des vedettes suicidaires comme des têtes couronnées au destin légendaire, du cinéma esthétique ou engagé, dont les réalisateurs favoris demeurent Visconti, Pasolini, Bertolucci, Fellini, sera-t-il pour autant l’homme de la situation? La Culture est en crise. Le mécénat se tasse même si la fréquentation du spectacle vivant n’a jamais semblé plus dynamique.
Pour autant, le milieu artistique attend toujours une personnalité claire et rassurante sur le futur des subventions accordées à la culture, sur le rôle précis de l’Etat comme force de changement, de progrès, comme moteur de « civilisation ». Pour l’Elysée, il s’agit assurément de confirmer l’ouverture du gouvernement: le nom même de Mitterand attire les regards: toujours bon à prendre pour un gouvernement qui recherche les flashes médiatiques et la une des quotidiens. Souhaitons au nouveau Ministre de relever les défis à venir, en particulier de rappeler combien l’art et la culture favorisent la fluidité pacifique du tissu social, encouragent les solidarités et les compréhensions mutuelles, dynamisent les possibilités du vivre-ensemble.
