Franz Liszt
1811-1886
Classiquenews souligne le génie de Franz Liszt dont le 22 octobre 2011 marque le bicentenaire de la naissance… Jeune parisien, né Hongrois, pianiste virtuose adulé et même divinisé de son vivant; compositeur génial dont l’audace et l’écriture visionnaire doivent être réévaluées à leur juste (et immense) mesure, Franz Liszt est en plus du musicien exceptionnel, un homme aux qualités humaines de premier plan: riche et célèbre, beau et même irrésistible, l’artiste créateur sait aussi être proche de ses semblables, protecteur pour les compositeurs contemporains qui souvent n’ont pas été à son égard aussi généreux et compréhensibles: ainsi Saint-Saëns qui admirait tant ses poèmes symphoniques et dont il crée Samson et Dalila; ainsi surtout, Berlioz et Wagner dont il fut un confident patient, loyal, constant et dont il devint aussi le beau-père: Wagner épousant en secondes noces, la fille de Liszt, Cosima (pourtant mariée à Hans von Bulow!).
Liszt reste surtout un compositeur; et pas seulement ce pianiste virtuose, étoile des récitals dont il invente la forme pour le clavier. Il impose certes ce tempérament exceptionnel, affichant partout en Europe le profil du pianiste prodigieux, applaudi dans toutes les salles de concerts, comme un récitaliste inégalable. Il faut tout autant célébrer, l’oeuvre du compositeur, l’inventeur de la masterclass, et de la forme du festival de musique… Saluons ses Concertos, réécoutons son opéra de jeunesse (Don Sanche, 1825), les poèmes symphoniques (modèles du genre avant ceux de Richard Strauss, dont il est l’inventeur) et dont les audaces harmoniques influencent très profondément le théâtre de Wagner. Liszt aborde tous les genres sauf la musique de chambre. Oeuvres pour orgue, messes, oratorios, témoignent quant à eux d’une autre part tout aussi essentielle dans l’évolution musicale et spirituelle du musicien, sa ferveur, constante, croissante, exigeante qui trouve un épanouissement finalement frustrant à la fin de sa vie, aux côtés de sa seconde compagne, après la comtesse d’Agoult, la princesse Caroline Sayn-Wittgenstein, à Rome.
Dossier spécial Franz Liszt pour le bicentenaire 2011 de sa naissance. Retrouvez ici notre dossier spécial Liszt 2011, actualisé au cours de l’année 2011, de janvier à décembre…

littéraires. Dans sa vie, musique et littérature ne font pas bon ménage,
sauf peut-être l’admiration que lui voue Lamartine. Pris entre de
violentes jalousies ou une amertume jamais éteinte (celle de sa première
compagne Marie d’Agoult), Liszt suscite la détestation de Sand et de
Balzac. Pas moins…

nous livre un programme admirablement conçu, à la façon d’un paysagiste
romantique, entre Caspar Fredrich et Vernet, et dans l’économie d’une
palette de plus en plus resserrée, Degas (et oui, les paysages degasiens
sont à redécouvrir et d’une beauté à couper le souffle…!);
sensibilité à la nature avec l’éloquente et déjà ivre liquidité de
Waldesrauschen… 1 cd Decca
On en rêvait: DG (Deutsche Grammophon) l’a fait ! Pour
le bicentenaire Liszt 2011, le 21 octobre précisément, voici un coffret
miraculeux qui offre une excellente vision des dons polymorphes du plus
grand romantique européen au XIXè: pianiste prodigieux, compositeur
méditatif et expérimental, voici Franz Liszt le grand (1811-1886),
l’unique: le rêveur angélique et spirituel, le narrateur démoniaque,
l’inventeur des formes modernes. » Liszt The collection » réunit pour le
bicentenaire de la naissance (1811), à peu près toutes les formes
musicales abordées par le Maître: à sa source, dans son inventivité
mélodique et son audace harmonique, se nourrissent tous les génies après
lui, dont évidemment Wagner… Liszt: The Collection. Coffret de 34 cd Deutsche Grammophon. Publication: septembre 2011

ce que beaucoup de pianistes élude chez Liszt: sa générosité d’âme, sa
tendresse, son essence compassionnelle qui en firent ce frère protecteur
et d’une constante loyauté pour nombre de musiciens contemporains
(Wagner, Saint-Saëns, Berlioz…). Il n’est pas meilleure réalisation ni
compréhension plus aboutie s’agissant de Liszt. Coffret événement donc
incontournable. (parution en décembre 2010). Franz Liszt: l’oeuvre pour piano. France Clidat, piano. 11 cd Decca (1968-1973).

Bernard Haitink à la tête du LPO London Philharmonic Orchestra
enregistre chez Decca entre 1969 et 1972, tous les opus Symphoniques,
exceptées les Symphonies (Dante et Faust Symphonies) soit 14 partitions
au souffle romantique unique et singulier: souvent l’ombre cache de
terrifiantes grimaces, rictus diaboliques car chez Liszt, les vertiges
sont dans la lumière et dans les gouffres, les deux toujours mêlés.
Musicien lettré, sa musique tisse d’étonnantes correspondances avec les
grands mythes poétiques légués par les écrivains, sujets qu’il relit,
commente, remodèle dans l’écriture orchestrale: Hugo (Ce qu’on entend
sur la montagne), Le Tasse (Tasso, lamento e trionfo), Lamartine (Les
Préludes), Schiller (Ideales)… ; humaniste, Liszt s’engage aussi du
côté des révoltés combattants de la liberté (Héroïque funèbre s’inspire
des révolutions de 1848). Avec un feu, et une passion parfois âpre mais
toujours densément dramatique, Haitink souligne le souffle et la fièvre
d’un Liszt sans emphase, porté, seul, par ses visions d’apocalypse et
de grandeur héroïque. Coffret de 4 cd incontournables, d’autant que fin
des années 1960, et début des 70’s, Liszt était loin de connaître notre
passion contemporaine au moment du bicentenaire 2011. Liszt, complete
symphonic poems. Intégrale des Poèmes Symphoniques. London Philharmonic
Orchestra. Bernard Haitink, direction (4 cd Decca).
Liszt sacré
Recréation de l’oratorio Christus
Le 22 octobre 2011, Paris, Cathédrale Saint-Louis des Invalides à 20h
Temps fort (le 22 octobre est la date anniversaire de la naissance de Liszt) et décentralisé proposé par le festival Lisztomania de Châteauroux qui fête ses 10 ans en 2011.
Liszt symphonique
Dante-Symphonie (avec projection sur écran). Version complète originale de 1856, restituée. Les Siècles. FX Roth, direction
17 juillet (Saint-Riquier), 20 août (Festival Berlioz, Côte Saint André), 21 août (La Chaise DIeu), 23 août (Lessay), 10 septembre (Laon), 1er décembre (Paris, cité de la musique), 4 décembre (Caen). Voir autres dates et compléments sur le site des Siècles.
Au fil de Liszt
Paris, Louvre: concerts Liszt à l’Auditorium du musée du Louvre. Du 22 septembre 2011 au 23 mai 2012. Récitals des pianistes Emmanuel Despax, Jean-Frédéric Neuburger, Steven Lin, Lise de la Salle, Giovanni Bellucci, Conrad Tao…
Années de Pèlerinage (Muza Rubackyté, piano)
1er, 2 juin (La Prée), 4 juin (Paris, Opéra national), 15 et 16 juin (Marseille, Théâtre de la Criée: les 35 ans de Lyrinx), 3 juillet (Nohant), 8 septembre (Biarritz, Musique en Côte Basque, avec Eric Génovèse)
Le pianiste aux 50 doigts, spectacle musical par Pascal Amoyel autour de Liszt et Cziffra
17 juillet (Saint-Riquier), 22 octobre (Châteauroux, festival Lisztomania), 1er novembre 2011-1er janvier 2012: Paris, Théâtre Ranelagh
Liszt par lui-même. En rêve par Marc Coppey et Jean-Yves Clément
3 mai (Dijon), 27 mai (Gerberoy, moments musicaux)
Festivals
Festival de Nohant, du 4 juin au 10 juillet 2011. 40 concerts illustrent le dialogue fécond du site propriété de George Sand avec le piano: à l’honneur en 2011, Chopin et Liszt, deux figures qui ont suscité l’admiration de Sand et inspiré son écriture littéraire…

Jean-Yves Clément parle de « dispersion magnifique » et d' »expansion
continue »…: 1400 opus recensés pour ce voyageur, européen avant
l’heure, généreux et loyal, humaniste et engagé, pianiste virtuose et
compositeur, chef et écrivain, suscitant partout sur son passage,
admiration, vénération, adoration… Il laisse un héritage plus vaste
encore que celui de Wagner (Schoenberg), et dont l’auteur se propose
dans ce court essai biographique d’offrir la mesure… Jean-Yves Clément: Franz Liszt, la dispersion magnifique (Actes Sud)

guide biographique et thématique qui aborde l’oeuvre, la vie et surtout
la personnalité si généreuse d’un Liszt, s’il est versatile et
polymorphe « Don Juan virtuose, Orphée à Weimar, compositeur abbé », ne
défend pas moins une conviction chevillée au corps et à l’âme, qui
unifie et structure toute la vie: celle d’un humanisme ouvert et
visionnaire… Laurence Le Diagon-Jacquin : Liszt. Guide pratique du mélomane. Collection « Points d’Orgue » dirigée par Philippe Olivier. 340 pages. Parution: 25 mars 2011. ISBN : 9782705680398. 32 €

présente avec finesse le profil des deux monstres sacrés du romantisme
français: jeunes années, jeunes sensibilités ardentes et même idéal
humaniste, même engagement qui fait de l’art, littérature et musique, un
acte concret pour améliorer la société… L’apprentissage de chacun cisèle deux tempéraments d’exception et tout
en en distinguant les particularités irréductibles, Sylvie
Delaigue-Moins identifie aussi les champs en partage qui construisent
des affinités proches et donc troubles: amitié amoureuse, estime
sentimentale, amitié affectueuse, admiration croisée… Sylvie Delaigue-Moins: Franz Liszt et Georges Sand, entre amour et amitié. Editions Lancosme multimédia, 2000. 372 pages.

de la riche carrière du plus grand compositeur pianiste de l’âge
romantique. Le découpage varie les épisodes biogaphiques (l’enfant
prodige, l’éclosion de la personnalité, l’abbé voyageur…) sans
négliger l’évocation du corpus des oeuvres lequel est abordé en trois
sections complémentaires intercalées entre les tableaux de la vie: la
musique pour piano, les ouvrages symphoniques et surtout l’oeuvre vocale
(dont Christus et la Messe de Gran dont à Paris la création en 1866 fut
désastreuse…). Rien n’est passé sous silence: la Glanz période et les
« années souveraines de Weimar »…Bleu Nuit éditeur, 177 pages.

Triste et émouvante fin que celle de ce génie qui meurt solitaire, affecté physiquement (l’hydropisie le fait gonfler), éclaboussé par les propos antisémites de Carolyne sur les Bohémiens et leur musique… Le texte biographique est émaillé de part en part d’abondants extraits de la correspondance de Liszt, complément documentaire qui renseigne encore sur la figure de l’homme, un être exceptionnel à plus d’un titre: pas seulement musicien, d’abord humaniste et d’un amour fraternel exemplaire. Lecture capitale pour l’année 2011. Frédéric Martinez: Franz Liszt (Folio, biographies)

