Ivresse écossaise du XVIIIè
Même appel à la nature et aux paysages d’Ecosse dans Kennet’s Dream d’Oswald (1750), où brille le violon dont la scordatura la-mi-la-mi flatte la résonance de l’instrument et ses effets en bourdon; et Benney side, dont le titre renvoie à une rivière ou un lac, composé par William Christie à la fin du XVIIIème, diffuse toute la poésie du motif écossais qui surgit sous les doigts de la harpiste après l’ample prélude dessiné en volutes suggestives à la flûte. Etrick Banks évoque les Highlands, sur le ton d’une romance attendrie, éperdue à destination de l’aimée désirée…
La vitalité et ce naturel trépidant font merveille dans la facétie dansante de The Fyket, exceptionnel groupe de reels où le jeu du flûtiste sait s’électriser. Même engagement pour les trois gigues, portées par l’envoûtante petite cornemuse Hümelchen.
Pour conclure ce programme donné à Hardelot en juin 2011, rien n’est plus emblématique de l’âme écossaise, entre transe et tendresse allusive, que The Wawking of the faulds (en gardant les brebis): succession de sections rythmées où dialoguent flûte, violon (bel entrain de Keith Smith et de Stéphanie Paulet), continuo à la fête: Ma Peggy, bien jeune et charmante, jeune fille, fait littéralement tourner la tête du jeune berger… jusqu’à l’essoufflement. Superbe album.
(1) le livret très documenté contient aussi un glossaire permettant de se familiariser avec l’écossais baroque, tel qu’il pouvait être prononcé au XVIIIè; c’est du moins les fruits du travail linguistique, convaincant, du ténor Robert Gretchell.
For ever Fortune. Musique écossaise du XVIIIème siècle. Robert Gretchell, ténor. Les Musiciens de Saint-Julien. François Lazarevitch, flûtes et direction. 1 cd Alpha, collection Les chants de la terre. Réf. Alpha 531. Enregistrement réalisé en mai 2011 à Paris, Chapelle de l’hôpital Notre Dame du Bon Secours.
vidéo For ever Fortune, songs et danses écossaises du XVIIIè

plusieurs songs et danses écossaises du XVIIIème siècle. Articulation,
sonorité, vitalité des rythmes exaltés par les danses… le programme For ever Fortune
convainc grâce à cette alliance singulière dont les interprètes se font
les ambassadeurs, entre nostalgie, fierté et désinvolture… Entretiens avec François Lazarevitch (flûtes, smalpipe)
et Keith Smith (violon). reportage
vidéo exclusif
Plus d’infos sur le site des Musiciens de Saint-Julien, For ever Fortune