Félix Mendelssohn
Elias, 1846-1847
Paris, Cathédrale Notre-Dame
Mercredi 25 mars 2009 à 20h
Jeudi 26 mars 2009 à 20h
Ensemble Orchestral de Paris
John Nelson, directeur musical honoraire
Lisa Milne, soprano
Marie-Claude Chappuis, mezzo-soprano
Paul Groves, ténor
Rod Gilfry, baryton-basse
Maîtrise Notre-Dame de Paris
Lionel Sow, direction de choeur
Choeurs de l’Armée française
Aurore Tillac, direction des Choeurs de l’Armée française


réinvestit avec une fluidité aérienne et un naturel palpitant la
fameuse trilogie orchestrale viennoise de la fin (1788): Symphonies
n°39, 40 et 41 « Jupiter ».
La clarté et la transparence, la finesse de la battue restituent au
cycle sa vitalité ténébreuse, semée d’angoisse et d’infinie tendresse…
Mozart: Symphonies n°39, 40 et 41, par l’Ensemble Orchestral de Paris et John Nelson (2 cd Ambroisie).
Triptyque sacré
Elias est d’abord composé dans sa première version en anglais (Elijah) entre 1845 et 1846. La création (réunissant pas moins de 400 exécutants dont 171 choristes) a lieu à Birmingham (Town Hall) le 26 août 1846 sous la direction de l’auteur. Il s’agissait de répondre à la commande d’une grande page chorale passée par le Festival de Birmingham: Mendelssohn remit son manuscrit 10 jours seulement avant la date fixée par le commanditaire! La seconde création dans une forme modifiée eut lieu en 1847 à Londres (Exter Hall). Le public allemand attendit à Hambourg le 9 octobre 1847 pour écouter ce chef d’oeuvre absolu, en langue germanique, devenu Elias.
A la suite de Haydn et de sa Création, si triomphalement applaudie par le public anglais, Mendelssohn avait pris soin de soumettre à une audience initiée et amatrice, les enseignements de son oratorio, à l’identique de Haendel, lui aussi adepte de la foi réformée, dont on sait l’immense apport dans le domaine de l’oratorio… auprès du public londonien.
Berlioz qui assiste en 1847, à une reprise de l’ouvrage à Londres mais dans la version définitive, sort ébloui par le sentiment de recueillement et de fervente vérité humaine. Plus que tout, l’auteur d’un Episode de la vie d’un artiste, lui-même bouillonnant expérimentateur, loue la richesse et le raffinement harmonique sans équivalent de la partition. Le compliment n’est pas mince.
Un prophète en colère

Le texte développe de nombreuses citations de l’Ancien Testament dans la traduction de Luther. Ouverture fuguée à la Bach, puis 42 numéros racontent le défi du prophète Elie lancé à la face des prêtres de Baal: le héros, en saint miraculeux y guérit le fils d’une veuve, et critique sans ménagement le roi d’Israël, Ahab, comme il réprimande la reine Jézabel. Mais celle-ci soulève son peuple contre le suractif prophète… qui démontre sa filiation divine et miséricordieuse en obtenant la pluie tant espérée (elle n’était pas tombée depuis 3 années), sur le Mont Carmel. Elie, ardent défenseur et proclamateur du monothéisme en des temps chaotiques et barbares, incarne aussi la détermination provocatrice de l’homme désireux d’élever ses semblables: le Prophète n’hésite pas à secouer la somnolence du peuple élu: « Jérusalem, toi qui tues tes prophètes!« . En cela, Elie préfigure cet autre prophète, Jochanaan, qui lui aussi châtie sans mesure l’impie, la corruption, la paresse, tous les vices de ses semblables… Ayant achevé son oeuvre, Elie rejoint le ciel sur un char de feu, au moment où le choeur admiratif entonne un hymne en l’honneur de cet homme admirable qui sut leur montrer la voie par ses actions de grâce.
Dans la fresque romantique qui se souvient des aînés tant admirés, Bach et Haendel, Mendelssohn mêle le colossal et le grave. Le souffle exprimé dans cet oratorio sans équivalent dans l’histoire musicale allemande égale les meilleurs ouvrages lyriques, grâce à l’intensité des scènes collectives et l’individualisation du personnage du Prophète. Elan de la foule, portrait d’Elie, drame serré et exalté, Elias est bien un opéra sacré.
Illustration: Elias reçoit de l’Ange, pain et eau (Rubens)