Evasion à Lyon
La scène baroque (2)
Acte I: Des planètes affaiblies
Donc, une carte du ciel. Mais il faut là commencer par une planète
d’éclat aujourd’hui très affaibli, celle de l’Opéra, qui brilla d’une
si vive lumière à la 2nde époque de l’Opéra Nouveau (Louis Erlo,
Jean-Pierre Brossmann) quand fut confiée à un membre éminent de la
Baroquie européenne la direction musicale même de la Maison lyonnaise.
Le chef d’orchestre anglais John-Eliot Gardiner y donna de 1983 à 1988
un éclat exceptionnel à la diffusion et à la recréation du lyrique
baroque. Après son départ, l’impulsion demeura, mais sans
maître-d’œuvre et coordinateur, l’éclat s’affaiblit, et ce qui restait,
après les départs des co-directeurs puis sous la direction d’Alain
Durel, devint très épisodique ou secondaire. Certes, à l’ère de Serge
Dorny, demeurent des îlots de Baroquie, notamment avec les invitations
de Marc Minkowski ou William Christie, des spectacles « importés » ou
en co-production européenne, des concerts mis ou non en espace, mais on
sent que ce n’est plus priorité déterminante. En témoigne par exemple
une saison 2007-2008 sans point de chute baroque repérable dans la
programmation (et même dans la structure légère de l’Amphi du sous-sol,
du moins jusqu’à fin 2007, qui accueille d’ordinaire des mini-concerts
par les étudiants des Conservatoires). L’autre Maison, l’Auditorium
Ravel,(et de l’Orchestre National de Lyon) , avec sa TGS
(Très-trop ?-Grande Salle) si peu baroquante, avait su par des
programmations invitées,de qualité, maintenir dans les années récentes
une présence baroque. Mais le lieu ne s’y prête particulièrement…pas.
Et surtout– on touche là un problème que nous évoquions il y a peu
dans ces colonnes -, le public des habitués semble là peu soucieux
d’écouter une autre sonorité que celle de son Orchestre : 2007-2008
n’aura plus eu d’interventions baroques, Ces vides permettent de poser
la question de la nature et des comportements de ces spectateurs –
font-ils de la Baroquie un « milieu » à part, se mélangent-ils à la
mélomanie généraliste, viennent-ils surtout pour écouter des partitions
célébrissimes et les nouvelles stars de leur domaine ? Ou au contraire
ont-ils une attitude plus ouverte aux autres époques de l’histoire
musicale ? Il serait souhaitable que des enquêtes à caractère
sociologique « sondent » sérieusement la situation lyonnaise, étudiant
en particulier l’incontestable fléchissement de ferveur envers le
baroque, observé – ici comme ailleurs – depuis quelques années.