dimanche 4 mai 2025

Dramma. Simone Kermes, soprano (2012)1 cd Sony classical

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La rentrée est riche en récitals baroques mettant en avant l’implication d’une voix, d’un tempérament qui en est comme l’âme structurante: en septembre 2012, la moisson est particulièrement riche; il y a simultanément avant la sortie annoncée, attendue et déjà événement… de l’album  » Mission  » (Cecilia Bartoli dévoilant les joyaux oubliés de Steffani, 1 cd Decca, à paraître le 24 septembre), le récital rossinien de la muse de l’auteur du Barbier de Séville: Marietta Marcolini (superbe et même stupenda Ann Hallenberg), le récital baroque autour de la mezzo suédoise Anne Sofie Von Otter ( » Sogno Barocco « : débutant mollement pour une apothéose finale du dire assez époustouflante); mais voici qu’une autre diva déjantée dont on connaît le goût du délire et du goût tout court, Simone Kermes, sort elle aussi son récital titre: dévoilant plusieurs inédits et même premières mondiales (8 airs au total): Le De Majo (trompette obligée) est une entrée assez terne, souffrant d’un orchestre poussif. Mais la voix se chauffe progressivement, atteignant déjà une belle opulence intérieure dans le songe éveillé signé Porpora:  » Alto Giove… » extrait de Polifemo: prière au Dieu souverain, ligne vocale superbe, musicalement habitée avec un style irréprochable.
En filigrane, le choix des oeuvres est un hommage aux plus grands castrats de l’ère baroque: Caffarelli, Farinnelli, Gaetano Majorano, Giovanni Bindi (il Porporino)… de ce dernier, la diva acrobatiquement huilée ose chanter l’air d’Oronta  » Vedra turbato il mare...  » de Mitridate, cascade et torrent de coloratoure et mélismes vertigineux, perchés toujours au plus haut des cieux triomphaux… air de victoire, de suprême joie et grandeur (mais là encore, l’épaisseur aproximative de l’orchestre n’est pas à la hauteur de la soprano prête à toutes les performances vocales).


Pyrotechnie et finesse vocales

L’Agrippina (air de Junon:  » Tace l’augello « , 1708); L’Ifigenia in Aulide (air d’Achille, 1735, au programme de l’immense Farinelli, le morceau le plus long avec celui de Polifemo: plus de 9 mn!); de Porpora sans omettre l’ultime « bonus », l’air d’Arbace  » Fra cento affanni e cento »… d’Artaserse de l’incontournable Hasse (1730) sont évidemment de superbes réalisations brillantes et pleinement assurées; même l’inusable Laschia ch’io pianga (air d’Almirena) de Rinaldo de Haendel (1711) résiste à l’asthénie sans couleurs ni intériorité de l’orchestre grâce seulement au chant direct et franc, naturellement ornementé de la soprano visiblement très inspirée par le texte … et la mélodie d’une simplicité suave ineffable.

Son dernier récital nous avait laissé tout juste conquis, celui-ci, plus audacieux, vocalement très homogène et stylistiquement abouti emporte l’adhésion. Dommage seulement que les instrumentistes de la phalange dont il faut vite oublier le nom, s’abstiennent de tout délire, toute intériorité, toute finesse. Parfois le fossé entre voix et orchestre est criant de… décalage. Une rupture souvent difficile à expliquer comme à supporter. Rien à dire cependant quant à l’aplomb de la diva aussi à l’aise devant le micro que lors de sa séances de photo d’un kitsch rarement atteint.

Simone Kermes, soprano. Dramma. Airs d’opéras deGiuseppe de Majo, Nicola Antonio Porpora, Lenonardo Leo, Johann Adolf Hasse, Georg Friedrich Haendel, Giovanni Batista Pergolesi… La Magnifica Communità. 1 cd Sony classical. Enregistré en janvier 2012.

autres cd de Simone Kermes

Purcell: Dido and Æneas (Alarcon, 2009)


Leonardo Garcia Alarcon développe les arguments qui
accréditent sa lecture purcellienne: figurations rythmiques souvent
asymétriques (récitatifs) dans la mise en musique du texte ; présence
des basses obstinées vénitiennes ; entrain chorégraphique si français
dans l’ouverture qui est une levée de rideaux digne de .. Lully. Ici, le
connaisseur, d’une culture vivante jamais pédante, approfondit la
réalisation musicale…


Henry Purcell: Dido & Aeneas (Currentzis, 2007)


Ici, l’audace, l’appropriation sans réserve de la
partition par le collectif russe imposent une lecture ample, dramatique
mais pas superficielle ni creuse. Le travail des contrastes, l’admirable
engagement (blessée et pudique) de Simone Kermes, l’aisance
instrumentale dans l’aigreur ou la langueur funèbre, la construction
psychologique, se révèlent passionnants…


Antonio Vivaldi: Amor profano (Kermes/Marcon, 2006)


Kermes, étourdissante, Marcon, éloquent.Cet album,
d’une éblouissante finition artistique, confirmant en ce point le
précédent volume « Amor sacro », s’impose naturellement aux côtés de
l’intégrale Naïve des opéras de Vivaldi. Incontournable.


Antonio Vivaldi: Amor sacro, motets (Marcon, 2004)


En quatre motets qui s’inscrivent entre 1713 et
1730, la soprano Simone Kermes accompagnée par le Venice Baroque
Orchestra et son chef, Andrea Marcon, renouvellent la réussite de leur
précédente gravure vivaldienne, Andromeda Liberata, également publiée
par Archiv. Récidive excitante et même jubilatoire

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