Donizetti, précurseur dans la première moitié du XIXème siècle de Verdi, laisse avec Lucia di Lammermoor, le prototype de l’opéra italien, belcantiste et romantique. Le sujet inspiré de Walter Scott, sombre même dans la folie la plus macabre : sur scène, Lucia meurtrière, délire et agonise.
Le théâtre antique d’Orange, sous sa nouvelle couverture permanente, destinée à protégée le site patrimonial accueille fin juillet 2006, l’œuvre maîtresse de Donizetti, Lucia di Lammermoor.
Donizetti appartient à la première moitié du XIXème siècle, décédé en 1848, il prolonge Rossini et annonce déjà Verdi. D’ailleurs, Scribe reprendra le livret de son Il Duca D’Albe, laissé inachevé, pour écrire le texte remodifié, des Vêpres Siciliennes de l’auteur d’Aïda.
S’il commence avec des œuvres dramatiquement légères, le jeune compositeur lyrique qui se voit dispenser de service militaire au regard de ses premiers succès (Zoraide di Granata, Venise, 1822 – il n’a que 25 ans), culmine sur le plan musical avec l’un des ses opéras les plus réussis, Lucia di Lammermoor. L’oeuvre est créée à Naples en 1835, sur un livret de Cammarano. Le texte qui prend sa source chez Walter Scott (the bride of Lammermoor, 1819), offre un sujet emblématique du romantisme noir et fanstastique où l’héroïne sombre dans la folie meurtrière, avant que celui qu’elle aime (Edgardo), ne se donne la mort.
Nous voici dans un drame shakespearien, à la Roméo et Juliette. Vision sentimentale et tragique qui, avant Tristan de Wagner, affirmait déjà que le véritable amour ne peut se réaliser sur terre, que la fusion espérée des deux corps ne peut pleinement se consommer que par leur mort. Vision funèbre à laquelle le travail musical de l’auteur offre une recréation poétique.
Lucia demeure l’opéra le plus joué de Donizetti. Or, celui qui avait aussi composé Torquato Tasso et Lucrèce Borgia en 1833, écrira de nombreuses autres ouvrages, où s’écoule une même veine intense et dramatique comme Roberto Devereux (1837).
Dans la période où il compose Lucia, le compositeur vit les heures les plus heureuses de sa carrière. Dans le sillon du succès parisien de Marino Faliero, il écrit pour le théâtre San Carlo de Naples, un nouvel opéra tragique, commencé en mai, fini en juillet, créé le 26 septembre 1835.La réussite et la qualité musicale de Lucia tient à la rencontre du musicien avec la chanteuse Fanny Persiani dont l’agilité vocale et le tempérament ont permis à Donizetti d’envisager l’ampleur psychologique du rôle-titre, en particulier le délire de la scène de la folie. Coloratoures acrobatiques, mais aussi récitatifs recomposés, mêlés de sections intermédiaires (arioso), mi déclamés mi chantés, donne pour l’interprète une matière nouvelle à son jeu théâtral et vocal. Maria Callas (illustration) révélatrice du personnage et de l’œuvre en 1953, avait trouvé un rôle à la mesure de son talent, et ressusciter sur les planches, une œuvre tombée dans l’oubli. Après elle, les Sutherland et Caballé s’approprieront diversement le personnage, sans jamais épuiser les ressources d’un rôle fascinant.
Aujourd’hui, le succès populaire de l’oeuvre répare les souffrances d’un auteur maltraité : Bellini son cadet le supplante souvent sur la scène, le jeune Verdi montre déjà l’envergure de son feu dramatique. Pire, Naples lui préfère Mercadante pour la direction du Conservatoire. Meurtri et même blessé, l’infatigable auteur, accablé encore par des deuils et d’autres humiliations, devra cesser toute activité à cause d’une paralysie nerveuse. Il sera hospitalisé à Ivry, avant de mourir, malade et exténué, en Italie.
Lucia di Lammermoor aux Chorégies d’Orange.
Samedi 29 juillet à 21h30
report, en cas de mauvais temps, au dimanche 30 juillet à 21h30
Mardi 1er août à 21h30
report, en cas de mauvais temps, au mercredi 2 août à 21h30
Direction musicale, Marco Guidarini
Etudes musicales, Janine Reiss
Mise en scène, Paul-Emile Fourny
Eclairages, Jacques Châtelet
Scénographie, Poppi Ranchetti
Costumes, Veronique Bellone
Chorégraphie, Servane Delanoë
Lucia, Patrizia Ciofi
Alisa, Marie-Nicole Lemieux
Edgardo, Rolando Villazon
Enrico, Roberto Frontali
Raimondo, Roberto Scandiuzzi
Arturo, Florian Laconi
Normanno, Christian Jean
Orchestre Philharmonique de Nice
Chœurs des Opéras de Région
Le 4 août suivant, Marco Guidarini et l’orchestre Philharmonique de Nice
accompagneront Inva Mula (soprano) et Rolando Villazon (ténor)
dans un « Concert Lyrique »
Renseignements, réservations : www.choregies.com
Illustrations :
Gravure Lucia di Lammermoor (dr)
Maria Callas, Lucia di Lammermoor. Scala de Milan, 1954.