jeudi 8 mai 2025

Domenico Cimarosa: Il Matrimonio segreto (1792)Liège, Opéra royal de Wallonie. Du 1er au 9 février 2008

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Domenico Cimarosa
Il matrimonio segreto, 1792

Liège, Opéra royal de Wallonie
Du 1er au 9 février 2008
Giovanni Antonini, direction musicale
Stefano Mazzonis, mise en scène

Cinzia Forte, Carolina
Cataldo Caputo, Paolino
Serena Gamberoni, Elisetta

A Liège, du 1er au 9 février 2008, l’ORW remet à l’honneur le très fameux « Mariage secret » opéra en deux actes de Domenico Cimarosa. L’ouvrage fut l’un des succès les plus retentissants dans l’histoire de l’opéra dès sa création à Vienne, le 7 janvier 1792. Ici, la postérité de l’œuvre a comme écrasé celle de son auteur. Qui connaît Cimarosa ? Là encore, l’oubli est aussi profond que l’intérêt de l’œuvre, absolument fascinant.

Cimarosa recueille la tradition lyrique napolitaine admirablement façonnée par Jommelli, Porpora et Traetta. Contemporain de Salieri (le rival de Mozart) ou de Paisiello (le futur favori de l’Empereur Napoléon Ier), il exporte jusqu’à Saint-Pétersbourg les facéties mordantes du théâtre napolitain. Il prépare directement les enivrantes folies rossiniennes. De quoi est-il question dans ce « Mariage secret » ? D’un commerçant parvenu, Geronimo, qui souhaite marier ses filles, Elisetta et Carolina, à des partis avantageux. La politique contre les sentiments, la richesse et le rang social contre l’amour. Le calcul et la stratégie contre le doux penchants des coeurs. En dépit de ses plans, le père arrangeur découvre le mariage secret qui unit Carolina à son propre commis, Paolino. Lors de sa création viennoise, l’ouvrage fut bissé intégralement à la demande de l’Empereur Leopold II. Succès non démenti par un XIX ème siècle friand de « drames bourgeois cocasses » puisque l’œuvre compta alors près de 400 représentations. A un livret riche en succulences répond une partition précisément orchestrée où les vents par exemple, soulignent une « vitalité contagieuse ». Après l’Empereur, Stendhal fut émerveillé par cette œuvre inclassable, à la fois drôle et sérieuse, en particulier par les deux premiers duos. Cimarosa y signe assurément son chef-d’œuvre mais il inaugure aussi, l’avènement de l’opéra bourgeois qui se développe sur les restes de l’ancien ordre social, adulé par l’élite princière du XVIII ème princière. Ici point de mythologie alambiquée, point d’artificiels héros fardés mais des conflits familiaux qui s’enracinent dans une réalité de sang, laquelle oppose un père à ses filles. La liberté revendiquée par l’individu s’élèverait-elle déjà contre l’autorité et le respect des convenances ? Voilà pourquoi « Le Mariage secret » annonce les œuvres romantiques et porte déjà, à l’instar des Noces de Figaro de Mozart, l’idéal révolutionnaire.

La production à l’affiche de l’Opéra liégeois sous la baguette d’un spéciliaste de l’expressivité et de l’éloquence baroque, le chef italien Giovanni Antonini, promet de dévoiler la transgression séditieuse de l’ouvrage. La vision annoncée met l’accent sur les conflits d’une famille éclatée. C’est en inscrivant le drame dans ses enjeux individuels et sociaux que chef et metteur en scène veulent dépoussiérer l’image amidonnée et injustement « superficielle » de l’opéra buffa. Le chef devrait restituer la fougue et les audaces d’une œuvre charnière, trop longtemps méconnue.

Illustration
Alexandre Röslin: La femme à l’éventail (DR)

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