La Mer, 1905
France Musique
Le 13 juillet 2011 à 20h
Orch Symphonique de la Radio Bavaroise
Yannick Nézet Séguin, direction
(couplé avec La Valse de Ravel)
Le 23 juillet 2011 à 20h
London Symphony Orchestra
Valery Gergiev, direction
(couplé avec la 8è de Chostakovitch)
Le 150è anniversaire de la naissance de Debussy (le 22 août 2012) s’annonce comme le grand événement à venir. Déjà à l’été 2011, deux concerts diffusés par France Musique soulignent combien une partition symphonique a compté dans la maturation du style de Claude de France, et aussi dans l’acquisition de ce miroitement de couleurs et de cellules simultanées à la fois diffuses et agissantes, désormais propre au symphonisme français du XXè siècle. L’élève de Franck, Massenet et Guiraud, pianiste pour la protectrice de Tchaïkovski, la baronne von Meck, qui a obtenu le Prix de Rome 1884 (22 ans), produit une oeuvre personnelle et puissante qui recycle ses découvertes majeures, vécues à Paris, auprès de Mallarmé, Proust, Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam, Wagner surtout dont il a le choc de Bayreuth, en 1888 et 1889 (découverte médusée de Parsifal et de Tristan).
Danse du vent et de la mer
Après son grand oeuvre, l’opéra Pelléas créé en 1902, Debussy s’attèle à son autre accomplissement majeur, sur le mode strictement instrumental et orchestral, La Mer, esquisse symphonique en 3 parties; il y travaille en Bourgogne, d’après des souvenirs, puis approche le littoral et le massif océanique, à Jersey et Dieppe en 1904. Le cycle est achevé en 1905 et créé le 15 octobre à Paris. Les premiers auditeurs rechignent et accueillent froidement la partition qui sera davantage comprise et acceptée lors de la reprise le 19 janvier 1908 sous la direction du compositeur.
Le cycle est une symphonie en 22-25 minutes. De l’aube à midi ouvre le développement, en une série de visions mouvantes jusqu’à l’éblouissement du plein midi; puis Jeux de vagues constitue le scherzo où culmine ce balancement continu qui fait éclater toute sensation du temps musical: éparpillement, fluidité… le divisionisme de la touche musicale renforce la notion de miroitement incessant, propice au jeu des couleurs et de la transparence…, tandis que le dernier morceau Dialogue du vent et de la mer respecte la forme rondo (trois refrains, deux couplets): son dramatisme oppose le fracas du vent (dont le coup sec de timbale affirme la victoire finale) et la houle de l’océan: fulgurance, immatérialité… toute l’esthétique de Debussy est là, dans ce jeu permanent d’entité mobiles et mouvantes.