lundi 5 mai 2025

David Fray (piano) joue Mozart Arte, dimanche 16 janvier 2011 à 19h15

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David Fray,
piano


David Fray joue Mozart


Arte,
Dimanche 16 janvier 2011 à 19h15

Arte diffuse un reportage vidéo des séances musicales où le pianiste français David Fray, étalon vedette et surmédiatisé à grands effets de marketing chic et people, de l’écurie Virgin classics, joue (bien tristement et plutôt platement) les Concertos pour piano n°22 et 25 de Mozart. Non pas que l’interprète dérape ou s’écarte de l’esprit de ces deux partitions aussi profondes que prenantes dévoilant les élans intimes du dernier Mozart… mais il reste toujours très loin de ce que nous en attendions. Lecture appliquée et d’un soin scrupuleux du chef Jaap van Zweden et de son orchestre Philharmonia Orchestra, plus méticuleux que vraiment saisis par la grâce et la vérité immédiate d’un Mozart suprême d’humanité…, exécution sans transe ni gouffre du jeune pianiste: le résultat déçoit.
Trop détaché, trop appliqué (décidément ce terme revient irrémédiablement à l’écoute du programme qui paraît aussi au disque chez Virgin classics), trop d’une indéfectible sophistication singeant le naturel, David Fray, dans les studios mythiques d’Abbey Road à Londres, ne parvient pas à dire et chanter tout simplement ce Mozart transcendant.
Manque de hauteur, d’élan, de sincérité: hélas, même si le réalisateur (Bruno Monsaingeon décidément très inspiré par la plastique des jeunes hommes musiciens, de Gould à Sokolov, de Piotr Anderzewski à David Fray…) se délecte visiblement de la photogénie de son pianiste protégé; le réalisateur a déjà filmé son modèle actuel dans un programme Bach, également diffusé sur Arte… Mais l’oeil du spectateur reste à l’écart et notre oreille avec de tels interprètes hors sujet, ne saisit jamais la stupéfiante simplicité vraie de ce Mozart comprenant la secrète vérité du monde.

Par contre, si l’on peut être agacé par le manque de maturité et de sensibilité réelle des musiciens associés (effets de manchettes comme l’indique finalement assez clairement le visuel de couverture du cd concerné, oeillades surlignées multiples du pianiste, lequel pour faire simple en fait des tonnes!), la musique est d’une beauté qui elle peut se suffire à défaut, à elle-même. Alors tant pis si le jeu faussement simple et d’un souci d’écolier nuance notre enthousiasme critique, restons quasi en surface et d’un premier regard, saluons la gravité humaine désarmante de l’auteur de La Flûte et de Titus qui livre ici, deux partitions éblouissantes de profondeur et de mystère.
Economie harmonique, jeu du mineur et du majeur alterné, en dialogue, d’une dynamique nouvelle déjà prébeethovénienne (N°25), chant de l’âme, élégance, calme et confession composent deux Concertos quasi murmurés où s’expose en un chambrisme inédit, l’intimité la plus bouleversante du divin Mozart. A voir moins pour les interprètes que pour la grandeur discrète des deux oeuvres mozartiennes parmi les plus essentielles qui soient. Quel dommage, malgré sa coupe aux cheveux mi longs (à la Liszt?!!), le beau gosse ne nous convainc guère. Pour retrouver Mozart en état de grâce, courrez plutôt du côté de.. Clara Haskil dont Decca réédite un merveilleux coffret en janvier 2011.

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