C’est un programme enregistré au disque à Naples en 2010 que nous offre le Teatro Auditorio de Cuenca pour le dimanche des Rameaux. Après la ferveur élégantissime d’un Marcos Portugal rayonnant (concert inaugural en la Cathédrale le 31 mars 2012), voici la ferveur populaire, plus âpre, déchirante et non moins sensuelle voire caressante de deux compositeurs actifs au sein de la Chapelle Royale de Naples, qui à la fin du XVIIème siècle, livrent leur partitions pour les Mercredi, Jeudi et Vendredi Saints.
Antonio Florio, napolitain de coeur, explore la brûlante ferveur de la Naples Baroque depuis plus de 20 ans à présent, sachant composer à Cuenca, un programme de grande valeur musicale et aussi d’essence liturgique, l’Office des Ténèbres étant évidemment l’apogée du cycle de la Pénitence Pascale (d’où le titre du concert de ce soir : « Tenebrae »).
Les 500 chapelles actives de la Naples baroque, plus nombreuses encore qu’à Paris ou à Londres, témoignent de l’intensité des célébrations populaires, de la dévotion partout partagée et florissante qui sur le plan musical suscite chez les compositeurs, expérimentation et dépassement des écritures. En outre, le temps de Pâques est même l’un des temps forts de l’année liturgique, la « Semaine » ainsi célébrée, s’étendant du Vendredi de la Passion (précédent le Dimanche des Rameaux) jusqu’au dimanche de la Résurrection…
De fait, les Lectios de Caresana et de Veneziano (pour voix de soprano et ensemble de cordes) sont ici associés aux chants a cappella de trois solistes fascinants: Patrizia Bovi, Pino de Vittorio, Mauro Borgioni. Le second atteint même comme rarement, un chant de transe doloriste, à la fois narration déclamée et verbe implorant qui synthétise en vérité tous les chants de pénitents. Au sommet de cette liturgie incarnée, d’essence souvent profane, le Stabat Mater (repris par les solistes en bis à la fin du concert) affirme cette particularité napolitaine où l’extase embrasée du sentiment implorant et de compassion ne peut s’exprimer que dans le déchirement et les larmes vocales. Mais avec un style d’une musicalité parfaite, sachant trouver la juste vérité du geste vocal entre dramatisme rentré et théâtralité communicante.
Accompagnant la soprano soliste dans les oeuvres de Caresana et de Veneziano, Antonio Florio affirme une belle maîtrise en particulier dans l’intensité souple et caractérisée du continuo; le Lectio I du premier nocturne pour le Mercredi Saint (circa 1695) montre cette agilité bondissante et parfois chorégraphique de Veneziano, précisément dans la partie des basses (violoncelle et contrebasse), signe du très haut niveau des instrumentistes à la Chapelle Royale Napolitaine à la fin du XVIIème siècle.
Antonio Florio, napolitain de coeur, explore la brûlante ferveur de la Naples Baroque depuis plus de 20 ans à présent, sachant composer à Cuenca, un programme de grande valeur musicale et aussi d’essence liturgique, l’Office des Ténèbres étant évidemment l’apogée du cycle de la Pénitence Pascale (d’où le titre du concert de ce soir : « Tenebrae »).
Les 500 chapelles actives de la Naples baroque, plus nombreuses encore qu’à Paris ou à Londres, témoignent de l’intensité des célébrations populaires, de la dévotion partout partagée et florissante qui sur le plan musical suscite chez les compositeurs, expérimentation et dépassement des écritures. En outre, le temps de Pâques est même l’un des temps forts de l’année liturgique, la « Semaine » ainsi célébrée, s’étendant du Vendredi de la Passion (précédent le Dimanche des Rameaux) jusqu’au dimanche de la Résurrection…
De fait, les Lectios de Caresana et de Veneziano (pour voix de soprano et ensemble de cordes) sont ici associés aux chants a cappella de trois solistes fascinants: Patrizia Bovi, Pino de Vittorio, Mauro Borgioni. Le second atteint même comme rarement, un chant de transe doloriste, à la fois narration déclamée et verbe implorant qui synthétise en vérité tous les chants de pénitents. Au sommet de cette liturgie incarnée, d’essence souvent profane, le Stabat Mater (repris par les solistes en bis à la fin du concert) affirme cette particularité napolitaine où l’extase embrasée du sentiment implorant et de compassion ne peut s’exprimer que dans le déchirement et les larmes vocales. Mais avec un style d’une musicalité parfaite, sachant trouver la juste vérité du geste vocal entre dramatisme rentré et théâtralité communicante.
Accompagnant la soprano soliste dans les oeuvres de Caresana et de Veneziano, Antonio Florio affirme une belle maîtrise en particulier dans l’intensité souple et caractérisée du continuo; le Lectio I du premier nocturne pour le Mercredi Saint (circa 1695) montre cette agilité bondissante et parfois chorégraphique de Veneziano, précisément dans la partie des basses (violoncelle et contrebasse), signe du très haut niveau des instrumentistes à la Chapelle Royale Napolitaine à la fin du XVIIème siècle.
Cuenca (Semana de Musica Religiosa, SMR). Teatro Auditorio, le 1er avril 2012. Tenebrae: musique pour la Semaine Sainte à Naples. Cristoforo Caresana, Gaetano Veneziano: Lectios I, III. I Turchini. Antonio Florio, direction.