Le lundi 12 mai, le prestigieux Grand salon de l’hôtel des Invalides a accueilli deux jeunes artistes pour un récital flûte et piano. Tous deux issus du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Federico Altare et Nadja Dornik se sont produits dans le cadre du programme Premières armes. Ce cycle de concerts dédié aux jeunes artistes repose sur un partenariat avec le CNSMDP existant depuis la première saison musicale des Invalides, il y a trente ans.
Le programme est construit autour du traité de Locarno qui, en 1925, scelle une entente de courte durée entre la France et l’Allemagne. La romance pour flûte et piano de Camille Saint-Saëns prélude avec beaucoup de charme cet excellent choix de pièces. Federico Altare y exprime très naturellement toute sa sensibilité artistique. Il donne par sa double expérience du traverso et du répertoire contemporain une très grande richesse de couleurs au répertoire post romantique. En ce qui concerne la pianiste Nadja Dornik, on note rapidement que la connaissance du répertoire français n’est pas approfondie. Le toucher manque de légèreté et donne un effet de flou à cette musique qu’il serait dommage de réduire à son aspect coloriste. Le constat est le même pour la sonate pour flûte et piano de Charles-Marie Widor. Si on peut admirer un très haut niveau pianistique, la fusion entre les deux artistes semble difficile. Le flûtiste s’adapte trop souvent à une accompagnatrice qui ne lui laisse que peu de temps pour respirer. Il fait pour autant preuve d’une ébouriffante virtuosité dans le 4ème mouvement de la sonate sans pour autant perdre l’élégance qui le caractérise toujours.
Le programme continue avec une pièce rare, la Siciliana e burlesca d’Alfredo Casella. Le compositeur italien est avec cette pièce, le premier étranger à composer une pièce d’examen pour le conservatoire de paris en 1919. Également très virtuose, la pièce permet à Federico Altare d’exprimer toute sa fantaisie. Preuve que malgré l’origine pédagogique de la pièce, il est possible pour les artistes de ce niveau d’en faire une formidable et originale pièce de concert. Le programme s’achève sur la très belle sonate pour violon, ici transcrite pour la flûte de Richard Strauss. On sent nettement Nadja Dornik plus à l’aise dans ce répertoire germanique même si son jeu n’est pas d’une grande clarté. Federico Altare est encore une fois d’une virtuosité impressionnante, clair, tout en restant sensible.
Après un tonnerre d’applaudissements, le duo offre en bis une version extrêmement touchante de l’air du ballet des Ombres heureuses extrait d’Orphée et Eurydice de Gluck. Moment où les deux musiciens se sont mis d’accord comme par enchantement nous laissant sur cette note belle et apaisée. Nous attendons avec beaucoup d’impatience les prochains jeunes qui feront leurs premières armes dans le cadre de la saison musicale des invalides et vous invitons en attendant à suivre ces deux excellents musiciens.