Au sein de sa riche programmation, l’Orchestre National des Pays de la Loire ne néglige pas le répertoire vocal, pour Chœur et Solistes, et c’est le somme toute assez rare oratorio « L’Enfance du Christ » de Hector Berlioz que la soirée donnait à entendre, à la Cité de Nantes, après avoir tourné en région (Angers, Le Mans et Les Sables d’Olonne).
Cette petite « sainteté », comme l’appelait Berlioz lui-même, est une œuvre où la pudeur du style doit se mettre au service d’une musique souvent douce et tendre, et d’un texte volontairement naïf et archaïsant. Grâce à un trio de chanteurs français aguerri à ce type de répertoire, on éprouve de la joie à entendre cet ouvrage interprété avec naturel, sans effort ni lourdeur de la part de qui que ce soit. Les chanteurs semblent s’épanouir au fil de la soirée, comme si la confiance qui émane de la musique s’emparait d’eux peu à peu. On soulignera le rayonnement discret de la mezzo Isabelle Druet, qui ne tire à aucun moment son personnage vers l’opéra. Elle met simplement son timbre sombre au service de la scène de la crèche et, dans la troisième partie, s’abstient de tout pathos superflu. En Joseph, le baryton niçois Jean-Luc Ballestra campe un émouvant Joseph, qui sait s’effacer sans pour autant être en retrait. De son côté, l’excellent Mathias Vidal prête son timbre clair – et comme venu du ciel – au Récitant, avec cette souplesse et cette articulation qui font merveille à chaque fois. Il dégage par ailleurs toute la ferveur requise, et se montre de plus en plus pétri d’humanité au fil de ses interventions, jusque dans le finale « a cappella ». On apprécie également la prestation de Frédéric Caton, venu au secours de son collègue Nicolas Courjal, souffrant, qui incarne Hérode avec l’autorité naturelle qu’on lui connaît. Ce personnage est le seul de L’Enfance du Christ que Berlioz, inventant là une manière de Boris Godounov avant la lettre, traite à la manière d’un héros d’opéra. Peut-être moins tourmenté et dramatique que certains de ses confrères dans cet emploi, la basse française privilégie l’oratorio sur le drame, sans qu’on puisse lui en faire reproche. Et dans le rôle du Père de famille, au III, il se montre idéal de chaleur et d’humanité.
A la tête de la phalange ligérienne, le facétieux Hervé Niquet (qui, toujours aussi didactique, commentera la genèse de l’ouvrage berliozien avant de faire résonner les premiers accords) dirige l’ONPL avec un mélange de précision et de cohésion. Son « Adieu des bergers », dans la deuxième partie, avec les nombreux changements de tempi et de nuances exigés par la partition, est l’une des réussites de la soirée. Enfin, le Chœur de l’ONPL, parfaitement préparé par Valérie Fayet, fait preuve d’une superbe homogénéité et d’une louable transparence, participant avec bonheur du mouvement et de la respiration de cette Enfance du Christ.
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CRITIQUE, concert. NANTES, La Cité (Palais des Congrès), le 14 déc 2022. BERLIOZ : L’Enfance du Christ. Orch National des Pays de la Loire / Hervé Niquet. Photo © DR
Extrait vidéo
François Lis chante « Ô misère des rois » (Hérode) dans « L’Enfance du Christ » de Hector Berlioz :
