samedi 20 avril 2024

Compte rendu, concert. Moutiers Saint Jean, le 5 mai 2018. Jean-Baptiste Cappus, Dunford, Abramowicz, Trocellier.

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DT5F1o4WsAAcCVVCompte rendu, concert. Château-Abbaye de Moutiers Saint Jean (Côte d’Or), le 5 mai 2018. Jean-Baptiste Cappus, Jean-Philippe Rameau, J. Dunford, S. Abramowicz, P. Trocellier. Une découverte majeure : l’œuvre Jean-Baptiste Cappus. La haute Côte d’Or réserve un nombre insoupçonné de manifestations musicales, particulièrement en cette saison. Le caractère exceptionnel du concert donné dans le Salon de musique du palais abbatial de Moutiers Sain-Jean, mérite, à plus d’un titre, qu’il en soit rendu compte. Déjà par le cadre préservé, totalement authentique, d’une splendide demeure, dont les vestiges attestent un lustre et un art de vivre à jamais révolus. Le salon de musique est une pure merveille. Mais surtout par son objet : la restitution de l’œuvre d’un compositeur bourguignon de la première moitié du XVIIIe S, célèbre en son temps et totalement oublié, dont la connaissance est due au travail patient de Jonathan Dunford, le violiste qui fut des premiers disciples de Jordi Savall, avec son épouse, Sylvia Abramowicz.

Une découverte majeure : l’œuvre du dijonais Jean-Baptiste Cappus

Les basses de viole dont ils jouent sont également authentiques, d’un anonyme parisien du XVIIe S pour l’une, du luthier Salomon, datée de 1741, pour l’autre. Le beau clavecin français est tenu par Pierre Trocellier, dont on connaît l’intimité au répertoire français du baroque.
« Savez-vous une émotion plus belle qu’un homme resté inconnu le long des siècles, dont on déchiffre par hasard le secret ?…Voilà la seule forme valable de la gloire.»  (Debussy, Monsieur Croche, 1er juillet 1901). Jean Baptiste Cappus (1689-1751), totalement ignoré de nos ouvrages de référence (au Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe S, de Marcelle Benoît près), bien que signalé par Fétis dès 1832, est un violiste de la génération de Rameau, de Bach, de Haendel et de Vivaldi. Il fut célèbre en son temps, même si une faible proportion de ses œuvres nous est parvenue. Fondateur de l’opéra de Dijon, avec Claude Rameau, il nous laisse deux livres de pièces de viole, dont seul le premier, de 1730, nous est connu. Un long travail documentaire, conduit par Jonathan Dunford, aboutit à une connaissance enrichie du compositeur et de son œuvre. Le tout premier enregistrement des quatre suites du recueil qu’il vient d’achever justifie pleinement ce concert où Cappus retrouve la terre qui l’a nourri, et où un public motivé le découvre. Etrange coïncidence, la pièce voisine du salon de musique où se déroulait le concert s’ornait du portrait d’un Comte de Saulx-Tavannes, peut-être le dédicataire du recueil…
Les suites, œuvres de concert, conservent les pièces d’origine dansée (allemande, gavotte, menuet, sarabande), mais s’enrichissent de tableaux, de portraits – comme il est d’usage – dont nombre attestent l’ancrage bourguignon du compositeur. L’interprétation qu’en donnent nos trois musiciens, pleinement convaincante, est un régal pour les sens. L’écriture est fouillée, riche, d’un charme constant, d’une invention renouvelée, souvent virtuose. On s’inscrit bien dans la descendance directe de Marin Marais, avec originalité. Si rien ne prouve que Cappus en fut l’élève, tout parle en ce sens, de la notation, de l’ornementation, du style aussi : un continuateur. Du reste, ses contemporains ne s’y trompèrent pas et l’on connaît deux recueils manuscrits où ses œuvres voisinent celles du maître, de son fils (Roland Marais), de Caix d’Hervelois.
DU7_j2oX4AE7ifQAutre œuvre programmée, une suite de transcriptions des « Surprises de l’amour » de Rameau, réalisée au XVIIIe S par un virtuose de la viole, Ernst Christian Hesse (1676-1762), dont la longue carrière se déroulera de Darmstadt à Dresde, en passant par l’Italie. Habile compositeur, ses transcriptions s’enrichissent de développements appropriés pour les violes. Mais il faut bien l’avouer : tout comme la pièce de Marin Marais donnée en bis, nous leur préférons les oeuvres de Cappus.
Un grand merci à Jonathan Dunford et à ses amis pour cette découverte exceptionnelle qu’ils nous ont fait partager, avec bonheur.

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Compte rendu, concert. Château-Abbaye de Moutiers Saint Jean (Côte d’Or), le 5 mai 2018. Jean-Baptiste Cappus, Jean-Philippe Rameau, J. Dunford,  S. Abramowicz, P. Trocellier.

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