Compte-Rendu, CONCERT. Metz, Arsenal, le 24 avril 2019. Le Consort : Justin Taylor (clavecin), Théotime Langlois de Swarte (violon), Sophie de Bardonnèche (violon), Louise Pierrard (viole de gamme). Nous avions quitté le jeune et talentueux claveciniste français Justin Taylor après un récital en solo à Avignon il y a tout juste un an (LIEN), et c’est à la Cité Musicale de Metz que nous le retrouvons, mais cette fois accompagné de son ensemble Le Consort, qu’il a fondé il y a quatre ans.
Mais avant de retrouver ses trois camarades pour des Sonates en Trio, il délecte l’auditoire avec des sonates de Domenico Scarlatti, cheval de bataille de tout claveciniste qui se respecte. Redoutées des claviéristes pour leur difficulté inouïe, les 555 Sonates du compositeur italiens surprennent par l’audace de leur écriture et leur insolente virtuosité, et Justin Taylor en a retenu quatre : les Sonates K 32, K 18, K 208 et K 27, qu’il joue entièrement par cœur, d’un jeu souple et parfaitement ciselé. Les changements de registres sont toujours judicieux, et chacune des notes trouve sa place dans un discours maîtrisé, mais dont l’artiste sait souligner l’inventivité. Il poursuit sa partie solo avec Continuum (1968), de Gyorgy Ligeti, une pièce époustouflante qui joue sur l’impression de prolongation du son grâce à des notes réitérées à très vive allure. Justin Taylor en réussit les effets, faisant entrer l’auditeur dans une sorte de sidération qui va bien au-delà de l’exaltation que fait naître chez les spectateurs la virtuosité déployée.
C’est après cette étonnante pièce qu’arrivent les trois compères de Taylor : Théotime Langlois de Swarte (violon), Sophie de Bardonnèche (violon) et Louise Pierrard (viole de gambe). Didactiques, les jeunes instrumentistes ont chacun un mot (explicatif) pour les Sonates en trio de Corelli, Vivaldi et Dandrieu qu’ils interprètent tour à tour, en soulignant qu’ils ont tous un faible pour le méconnu et malaimé Dandrieu. Mais c’est avec la Sonate en Si mineur op2 n°8 d’Arcangelo Corelli qu’ils commencent, et à laquelle il confèrent de belles sonorités chaudes : les élans rythmiques y sont une palpitante source de vie, une vie qui jaillit aussi de la Sonate en Sol mineur op1 N°1 d’Antonio Vivaldi qui suit. Les compositions musicales de Jean-François Dandrieu (1682-1738) sont dans la tradition de celles de Couperin et de Rameau, mais à laquelle le français incorpore une certaine italianité. Forts concentrés et attentifs, les intentions et places d’archet des deux violonistes se montent précis et plein de verve – dans les trois Sonates Sonate en trio en mi mineur op.1 n°6, en la Majeur op.1 n°4, et en sol mineur op.1 n°3 – tandis que le clavecin et la viole de gambe servent de basse continue (ils sont considérés comme « un seul » instrument, d’où le terme de Trio alors qu’il sont quatre instrumentistes…). Libérés de toute partition (ils jouent tout le concert par cœur), les quatre jeune musiciens s’échangent des regards complices, ou jouent les yeux fermés, donnant l’impression qu’ils partagent un moment de musique intime. En bis, ils délivrent une variation sur La Folia, cette suite mélodique harmonique aussi célèbre que simple qui serait arrivée en Espagne à la fin du 15ème siècle (mais seulement publiée en 1672 par Lully). Ravi de leur prestation, le public leur fait une fête à tout rompre.
Compte-Rendu, CONCERT. Metz, Arsenal, le 24 avril 2019. Le Consort : Justin Taylor (clavecin), Théotime Langlois de Swarte (violon), Sophie de Bardonnèche (violon), Louise Pierrard (viole de gambe).