Claude Debussy
Pelléas et Mélisande, 1902
Jean-Yves Ossonce, direction
Bouillon, mise en scène
Tours, Opéra
Du 29 février au 4 mars 2008
Et si Pelléas et Mélisande, le seul opéra intégralement abouti de Debussy, créé à l’Opéra-Comique en 1902, soulignait sous la faillite des mots, et l’errance des êtres qui se dérobent, la souveraine activité de la musique? Véhicule et miroir du psychisme souterrain, caché, les ondes de l’orchestre signifient davantage qu’un accompagnement. Poésie, musique: on parle souvent d’une fusion étroite et mystérieuse qui cisèle l’articulation et le phrasé du texte, qui ouvrage comme nul part, la déclamation du verbe…
La prose de Maeterlinck, dont la portée symboliste ne cesse d’interroger l’auditeur, offre au compositeur ce qu’il recherche: un tremplin vers l’autre monde, un passage vers l’invisible, l’indicible dont seul le flot musical témoigne. Ainsi dès le début et jsuqu’à la fin de l’oeuvre, le spectateur se pose une question qui demeure sans réponse. Qui est Mélisande? D’où vient-elle? Le sait-elle seulement?
L’Opéra de Tours aborde la fascination et l’action énigmatique de Pelléas et Mélisande, l’opéra de la modernité, celui qui d’essence chambriste, acclimate le mode des tonalités suspendues et irrésolues, dans le sillon tracé par Richard Wagner dans Tristan et Parsifal.
Illustration: Winterhalter, Madame Rimsky-Korsakov (Paris, Musée d’Orsay) (DR)