vendredi 25 avril 2025

Christoph Willibald Gluck: Orphée et Eurydice, 1774 Arte, jeudi 11 septembre 2008 à 15h

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Christophe Willibald Gluck

Orphée et Eurydice, 1774




Arte
Jeudi 11 septembre 2008
à 15h

Pina Bausch, chorégraphie. Thomas Hengelbrock, direction musicale.
Réalisation : Vincent Bataillon. Coproduction : ARTE France, Bel Air
Media (2008, 130mn). Rediffusion du 16 février 2008

Christoph Willibald Gluck: Orphée et Eurydice. Chorégraphie et
mise en scène : Pina Bausch. Direction musicale : Thomas Hengelbrock. Avec le Ballet de l’Opéra national de Paris et le Balthasar-Neumann
Ensemble & Chor. Les danseurs : Marie-Agnès Gillot (Eurydice), Yann
Bridard (Orphée), Miteki Kudo (l’Amour)

En février 2008, Pina Bausch présentait au Palais Garnier une vision
tragique et sublime de l’opéra de Gluck. Pour la première fois, la
chorégraphe acceptait qu’un de ses spectacles soit retransmis en direct
à la télévision.

Orphée selon Pina Bausch

On se souvient d’une première expérience convaincante fusionannt le corps du Ballet de l’Opéra avec la fosse en un spectacle continu : Rméo et Juliette. Dans ce nouveau volet des arts mêlés, la chorégraphe Pina Bausch, ardente militante pour un théâtre physique et expressionniste, s’intéresse en février 2008, au mythe d’Orphée, porté à la scène, à l’âge classique, en 1762 à Vienne puis en 1774 à Paris, par le Chevalier Gluck (1747-1787).

Si Orphée maître de la nature par son art de la musique et du chant, sait inféoder les dieux et retrouver aux Enfers, sa belle défunte, Eurydice, le poète se montre impuissant à l’appel des sens, trop impatients, trop impérieux : il enfreint l’ordre et perd définitivement celle qu’il avait reconquise… Maître du monde, serviteur de ses propres passions…

Pour articuler et sublimer l’action sensuelle et tragique, Gluck opte pour une refonte radicale du langage lyrique : désormais, le chant est strictement inféodé à la nécessité dramatique. Unité, cohérence, vraisemblance sont désormais les canons d’une nouvelle esthétique théâtrale. Fervent admirateur de l’Antiquité, le compositeur répond aussi aux critiques fustigeant l’ancienne tragédie en musique de Lully et Rameau, et préfère des tableaux simples et nobles, saisissant le spectateur par la grandeur et l’intensité directe de l’émotion. Le chœur devient un élément important, soulignant la détresse solitaire des protagonistes.

Violence et vérité

Au langage direct de Gluck répond dès la genèse de l’ouvrage, la place de la danse, genre incontournable pour un opéra français. D’ailleurs, l’Orphée de Gluck ne chante pas son amour pour Eurydice quand le cortège funèbre emmenant la jeune femme paraît au premier tableau : le chantre de Thrace hurle et crie, comme démuni et hagard, selon le vœu du compositeur. Franchise et vérité. Au cœur de la tragédie d’Orphée, éclate sa souffrance. L’homme est confronté à une terrible blessure qui le rend impuissant. Toute la chorégraphie de Pina Bausch renforce ce dilemme : comment en une forme artistique qui a ses règles et ses codes, qu’il s’agisse du chant ou de la danse, exprimer la violence d’une passion extrême ? Sur la scène, les danseurs suivent ou commentent le déroulement de l’opéra de Gluck. Et dans le rôle titre, selon un plan chorégraphique créée dès 1975 sur la musique de Gluck, entré au répertoire de la Maison parisienne en 2005, Yann Bridard dans le rôle-titre est un être atteint, comme errant telle une ombre déjà morte, prisonnier de son désespoir… la figure du poète chanteur accablé n’en revêt que plus de sublime tragique.

Illustrations : Orphée et Eurydice à l’Opéra de Paris en février 2008 (DR)

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