mardi 6 mai 2025

Charles Gounod, Roméo et Juliette, 1867. En direct du Met de New York France Musique, samedi 15 décembre 2007 à 19h

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Charles Gounod
Roméo et Juliette
, 1867

France Musique
Samedi 15 décembre 2007 à 19h


En direct
du Metropolitan Opera de New York. Avec Roberto Alagna (Roméo), Anna Netrebko (Juliette) sous la direction de Placido Domingo.

L’Amour contre la haine
L’opéra de Gounod demeure l’un des succès les plus populaires de l’Opéra de Paris. C’est aussi, le deuxième plus grand triomphe lyrique du compositeur après Faust, et son dernier. Ses oeuvres théâtrales suivantes ne rencontreront pas l’enthousiasme du public, au point que le compositeur décidera après l’échec de La Tribut de Zamora, troisième déconfiture après Cinq Mars et Polyeucte, de cesser sine die sa carrière de dramaturge lyrique. D’après Shakespeare, Roméo et Juliette dépeint l’amour tragique du couple amoureux, ses espérances vaines, ses serments lugubres. « La haine est le berceau de cet amour fatal, que le cercueil soit mon lit nuptial » déclare Juliette, terrassée par l’esprit de guerre qui opposent Capulets contre Montaigus. La richesse du livret de Barbier et Carré nourrit l’inspiration flamboyante de la musique de Gounod, à la fois intensément dramatique et inventive sur le plan mélodique. Père spirituel de Fauré ou de Bizet, Gounod, contemporain d’Offenbach, qui écrit ses ouvrages les plus significatifs au moment où l’auteur de La Belle Hélène produit les siens (La Vie Parisienne et La Grande Duchesse de Gerolstein datent comme Roméo et Juliette de 1867), a laissé une oeuvre encore méconnue. A l’ombre de ses deux grands chefs-d’oeuvre, Faust et Roméo, il reste à réévaluer La nonne sanglante (1864), sur un livret de Scribe, particulièrement admiré de Théophile Gautier ou Mireille écrit à l’invitation de l’auteur du texte, Mistral, sur le motif de l’action, dans la provence baignée par le soleil, exposée à la tramontane… (1864) qui lui inspire l’une de ses partitions les plus riches sur le plan des couleurs instrumentales certainement en rapport avec la richesse des paysages vécus lors de son séjour.
Gounod offre de son vivant une parfaite alternative, typiquement française, à l’opéra italien et allemand. Le compositeur trouva en Carvalho, le despotique mais éclairé, directeur du Théâtre-Lyrique, de 1856 à 1869 (ensuite directeur de l’Opéra-Comique, à partir de 1876), un homme d’écoute, prêt à prendre les risques nécessaires pour réaliser ses ambitions théâtrales (comme il le fait avec Les Troyens de Berlioz, en 1863, autre fresque refusée par la grande machine parisienne). L’exemple de Faust, refusé par l’Opéra puis produit triomphalement sur la scène du Lyrique en 1857, leur a donné définitivement raison. 10 années plus tard, le compositeur devait connaître son second et ultime succès scénique. Et lorsque le Lyrique dépose son bilan en 1869, l’Opéra qui l’avait refusé, reprend Faust, sûr de remplir la salle parisienne…

Vie de Charles Gounod, compositeur lyrique
La mère de Charles Gounod donnait des leçons de piano pour nourir ses enfants, le père étant mort en 1823, quand le compositeur, né en 1818, n’avait que 5 ans. A 13 ans, il assiste à Othello de Rossini (janvier 1831) avec Maria Malibran dans le rôle de Desdemone. L’année suivante, la mère emmène son fils voir Don Giovanni de Mozart. Ses deux chocs lyriques décident de sa vocation. L’apprenti musicien suit les cours de Reicha, Halévy et Lesueur. En 1839, à 21 ans, il remporte le Prix de Rome, et part le 5 décembre comme pensionnaire de la Villa Médicis, avec Victor Lefuel, prix d’architecture. Dans la villa médicéenne, Gounod enchante les soirées du directeur, le peintre Ingres et se lie d’amitié avec Henner. Il y donne ses premières mélodies. A Rome, Gounod rencontre Fanny Hensel, la soeur de Mendelssohn qui lui fait découvrir la musique allemande. En avril 1843, le jeune français rencontrera Mendelssohn à Leipzig. Un temps séduit par les ordres, l’abbé Gounod abandonne vite la robe ecclésiastique et donne son premier opéra à Paris, Sapho, avec Pauline Viardot, soeur de Maria Malibran dans le rôle titre (16 avril 1851). En 1852, Gounod épouse la fille de son professeur au Conservatoire, Anna Zimmerman: il se rend fréquemment dans la villa de Saint-Coud de ses beaux-parents afin d’y composer. Après La nonne sanglante (15 octobre 1854) qui est froidement acceuillie, le compositeur écrit l’hymne du Second Empire, « Vive l’empereur » (1856).

En 1857, le compositeur achève son Faust, qui refusé par l’Opéra de Paris, sera monté sur la scène du Théâtre-Lyrique. C’est un triomphe immédiat. Ses deux autres ouvrages obtiennent en revanche bien peu de reconnaissance: ni La Reine de Saba (1862), ni Mireille (1864) ne convainquent assistance et critique. C’est enfin la création de Roméo et Juliette, le 27 avril 1867 qui remporte un succès égal à Faust. Son Polyeucte, achevé en 1870, ne sera joué qu’en 1878. Avec la chute du Second Empire, Gounod s’exile à Londres. Il est accueilli chez les Weldon avec lesquels il sera en procès car ces derniers refuseront de lui restituer ses partitions.
De retour en France, Gounod compose pour Carvalho, le directeur du Théâtre-Lyrique, Cinq Mars (avril 1877): échec. Création à l’Opéra Garnier de Polyeucte (octobre 1878): nouvel échec. Suit un nouvel opéra, La tribut de Zamora dont la première, le 1er avril 1881, suscitant un troisième échec, décide de la suite de sa carrière: l’auteur de Roméo et de Faust, n’écrira plus pour le théâtre. Après une étude sur le Don Giovanni de Mozart (1890), le compositeur assiste à la 100 ème de Roméo et Juliette en 1893, l’année de sa mort (le 27 octobre 1893).

Illustration: Anselm Feuerbach, Francesca da Rimini (DR)
Henri Lehmann: portrait de Charles Gounod (DR)

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