jeudi 28 mars 2024

Cecilia Bartoli, mezzo. Portrait France 3. L’heure de… le 23 décembre 2009 à 23h

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Bartoli à Napoli

Flexible, agile, expressive… la voix de Cecilia Bartoli éblouit par ses dons de communication musicale. Comme les castrats façonnés par l’école napolitaine et soumis aux vocalises vertigineuses que le compositeur Nicolo Porpora écrivait pour eux (Farinelli, Cafarelli, Porporino…), « La Bartoli » aborde les répertoires avec une étendue de tessiture impressionnante, couvrant ses aigus aussi facilement que son medium de mezzo voire de contralto.

Le portrait que lui réserve France 3 récapitule les étapes d’une vie entièrement dédiée à la musique et au chant. La diva romaine qui dit sa passion des paysages de Capri et de Naples (où elle étudie l’art des castrats justement), présente les apports de son dernier disque Sacrificium dont le titre Sacrifice, renvoie à la dure réalité baroque, celle des 3000 enfants napolitains castrés chaque année (pendant presque un siècle!) au nom de la musique… Autant de « victimes » pour quelques élus (150 castrats professionnels ont seulement fait carrière…)
L’album paru en 2009 chez Decca apporte un éclairage nouveau sur le style des castrats, l’art de Porpora le plus grand compositeur napolitains alors. Devant la caméra, la diva chante un air de son opéra Adélaïde à Caserta, château non loin de Naples…

Rossinienne, Vivaldienne, mozartienne…
Mais le document évoque aussi la diversité des répertoires investis par la cantatrice moderne: ses Rossini l’ont révélée (Airs de Rosina du Barbier de Séville chanté dès 1987 et qui lui valut d’être repérée par Daniel Barenboim: « una voce poco fa »… chanté avec ce feu expressif dans le sillon de la créatrice Gertrude Righetti Giorgi; air d’Angelina de La Cenerentola qui l’impose tout autant jusqu’à l’Opéra de Houston, en 1995.
Barenboim et Harnoncourt (à Zurich) lui font chanter Mozart: un Elvira (Don Giovanni) furieuse et vindicative propre à la chanteuse faite aussi actrice (2001), mais aussi une Dorabella (Cosi fan tutte), intense et blessée (2001).
Cecilia Bartoli qui porte parfaitement son prénom (Cécile est, -comme le rappelle sa mère qui fut son professeur et reste son coach principal-, la patronne des musiciens), aborde Vivaldi et Haendel (Sémélé, 2007) avec une passion inédite: comme Callas quant elle ressuscite Bellini (Casta Diva).
Avec le Giardino Armonico, Cecilia Bartoli ressuscite Vivaldi à une époque où le compositeur vénitien était surtout connu pour sa musique sacrée et ses Concertos. « La Bartoli » a amorcé le regain d’intérêt pour ses opéras: son interprétation de la Griselda (aux couleurs et nuances époustouflantes dont les vocalises projetées, murmurées sur le mot « naufragar », Paris, TCE, 2000) reste anthologique, même sans mise en scène…
Même volonté de communiquer sa furieuse envie d’émotions, dans un nouveau projet réalisé en 2008 autour d’un hommage à la diva romantique, Maria Malibran, morte à l’âge de 28 ans. Rossini la tenait comme « l’unique », devant la Colibran. C’est dire.
La diva romaine n’a jamais mieux chanté que dans son album « Maria » (Decca): dans ce portrait où elle se dévoile à demi mots (son péché mignon? « Les frittes! »), la diva coloratoure exprime une volonté de découverte et de défrichement unique dans le monde musical actuel. Ambassadrice des compositeurs oubliés et des répertoires méconnus, la mezzo sait surprendre et oser. Mais au prix d’un travail et d’une vocation intact depuis ses débuts. C’est bien cela qui la porte toujours plus loin et qui suscite aujourd’hui, notre indéfectible admiration.

France 3. Mercredi 23 décembre 2009 à 23h. Portrait de Cecilia Bartoli. « L’heure de… Cecilia Bartoli ».

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