Cecilia chante Steffani
1 cd Decca

En avant-première, voici notre compte rendu du disque Mission de Cecilia Bartoli, premiers commentaires d’un album audaucieux et bénéfique qui dévoile le génie d’un Steffani insoupçonné…
Ne vous arrêtez pas à l’image du visuel de couverture: à l’inverse d’un disque fantastique et surnaturel (on y croirait retrouver la suite de l’Exorciste !), Cecilia Bartoli, malgré son travestissement en prêtre chauve, nous parle bel et bien dans son nouvel album, d’épanchement et de pudeur sensuelle, d’alanguissement extatique et de murmures enchantés: » Mission » cache des trésors d’accomplissements et de flamboiements passionnels d’une rare intensité… tous joyaux inédits signés d’un certain vénitien Agostino Steffani (1654-1728), enregistrés en première mondiale.
Airs de langueur enchantée comme l’attestent les airs 8 (« Sposa, mancar mi sento… », Tassilone), 10 ( » Si, si, riposa… o Caro... », Alarico il Baltha) et 16 (« Dell’alma stanca a raddolcir... « , Niobe) : où les flûtes caressantes (annonçant le rêve du 20: » Deh Stancati, o sorte…« , La Libertà contenta)) appellent au sommeil et à l’endormissement, comme Poppea qui est prête à sombrer, ou comme Galatea chantant la métamorphose de son berger décédé; puis c’est l’expression d’un rêve éveillé, une extase au même onirisme conquérant et berçant. Enfin, sommet de cette effusion suspendue, l’air 16 (extrait de l’opéra Niobe, très en vedette dans ce premier récital de présentation), où la volupté sensuelle du chant se fait miroir d’un enchantement vocal: hymne à l’harmonie, rêve céleste, Steffani associe avec génie l’irrésistible mélodie avec une orchestration scintillante et colorée d’où jaillit les éclats clairs d’un » carillon « , au doux crépitement…
Steffani, précurseur de Haendel ?
Comme dans l’air n°15 (« Foschi crepuscoli « …, La liberta contenta: même climat suspendu d’une suavité planante), Steffani approche le même niveau d’inspiration d’un Haendel, et c’est certainement à la source de Steffani que le jeune Saxon a polissé sa propre écriture lyrique. Agostino, ainsi révélé par Cecilia Bartoli, serait-il le précurseur oublié du divin Georg Friedrich ?
Compte rendu critique intégral du cd Mission, au moment de la sortie du cd: le 24 septembre 2012
|
|||
|