CD événement, annonce. LULLY : ALCESTE par Les Talens Lyriques (2 cd Aparté). Après Bellérophon (1679), Phaéton (1683), Amadis, Armide (1686), voici Alceste, opéra tragique et sublime qui à travers le couple restauré du Roi Admète et de la princesse Alceste, célèbre les vertus exemplaire du héros Alcide (Hercule), maître de ses passions. Si Orphée aux Enfers (cf Orfeo de Monteverdi, ouvrage précédent de 1607) perd l’équilibre et la raison, – provoquant et sa chute, et la perte définitive de son aimée Eurydice, ici Alcide vainc toute tentation – gloire, amour, désir : en renonçant à sa nature humaine (même s’il aime Alceste, il apprend à s’en détacher) mais pas à son humanisme fraternel (il offre Alceste à Admète), Hercule incarne l’idéal auquel s’identifie Louis XIV : un être parfait quasi divin. En 1674, l’opéra de Lully fusionne grandiose formel, sublime, vérité humaine,
Les Talens Lyriques poursuivent leur quasi intégrale des opéras de Lully, emboîtant le pas aux chefs qui les ont précédé ici, – défenseurs illustres et inspirés du théâtre lullyste : Christie, Reyne, surtout Jean-Claude Malgoire dont l’enregistrement édité alors par Auvidis, reste inégalé. L’enthousiasme expressif et ciselé des instrumentistes des Talens Lyriques rend hommage à l’une des partitions qui avec Atys est la plus touchante de Jean-Baptiste Lully, alors serviteur de la gloire royale à Versailles.
CE QUI SAISIT surtout dans la continuité de l’ouvrage sont les actes II, III et IV : séquences dramatiques quand Aldmète et Alcide combattent Lycomède pour sauver Alceste et Céphise prisonnières (II) ; tableau de déploration et de langueur funèbre à l’énoncé de la mort d’Admète (III) ; fantastique infernal et grandeur du héros quand Alcide pénètre aux Enfers et infléchit Pluton pour sauver Alceste (IV)… ce dernier tableau est le premier du genre dans l’opéra français baroque à traiter le sujet du royaume infernal, associant héroïsme et surnaturel lugubre. Il faut de la précision et du souffle dramatique pour relever les défis esthétiques d’une partition clé dans l’élaboration de l’opéra français du XVIIè : articulation déclamée mais naturelle, nerf et sang de l’orchestre, lisibilité de l’architecture globale, couleurs et nuances d’un orchestre autant fougueux que « linguistique » (d’où la difficulté des récits)… que sera la lecture proposée par Les Talents Lyriques ? Le nouvel enregistrement lyrique dédié à Lully décrochera-t-il notre distinction, le « CLIC » de CLASSIQUENEWS ? Réponse le 1er décembre 2017.
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Parution annoncée le 1er décembre 2017 – Concert à l’Opéra royal de Versailles, le 10 décembre 2017. Prochaine grande critique développée du cd Alceste de Lully par Les Talens Lyriques