vendredi 6 décembre 2024

CD, critique. BEETHOVEN : Quatuors. Orchestre d’Auvergne. R. F-Veses (1 cd Aparté)

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beethoven-orchestre-auvergne-roberto-fores-veses-cd-critique-presentation-cd-par-classiquenews-clic-de-classiquenews-quatuors-de-beethovenCD, critique. BEETHOVEN : Quatuors. Orchestre d’Auvergne. R. F-Veses (1 cd Aparté). Pas facile de réussir sans l’harmonie des bois et des vents, le relief et l’ombre des cuivres et percussions, toutes les couleurs et nuances que convoquent des partitions aussi riches et complexes que celles de Beethoven. Même s’il s’agit de ses Quatuors. Evidemment la formation pour cordes initiales justifie une extension en grand effectif (que de cordes évidemment). Mais les Quatuors opus 95 et 131 exigent une flexibilité souveraine capable de relever le pari de la clarté contrapuntique et de l’étonnante versatilité des caractères enchaînés. Le «  serioso » opus 95 marque dans les années 1801, une rupture liée en partie au départ de Vienne de la plupart des amis, des aimées et des protecteurs ; Beethoven y consomme totalement la fin de l’idylle viennoise, rompt définitivement avec la joliesse (pourtant citée) de Rossini et de Spohr. Pour une instabilité nouvelle, sombre et détendue à la fois, révélant le souffle de sa vive activité intérieure. Sous la direction fine et acérée de son directeur musical, l’espagnol Roberto Forés Veses, l’Orchestre auvergnat recèle d’invention et de sensibilité dans ce dédale de sentiments mêlés, affrontés, confrontés, véritable manifeste pour une musique plus profonde et introspective, en rien artificielle et creuse. La psyché s’exprime librement dans un tissage miroitant d’une ivresse vertigineuse inédite alors : le combat surgit dans le premier mouvement alliant précision et nervosité, dans une fougue opératique et aussi un chien mordant de couleur rossinienne (frottement, exclamation, répétitions).
Détente et contraction sont magnifiquement résolus grâce à une remarquable flexibilité collective. Moins triste que sobre et tendre, l’Adagio qui suit affirme la couleur de l’abandon intérieure, plutôt Mozartienne avec une pudeur mendelsohnnienne. Là nous sommes au coeur de la tragédie intime du Beethoven éprouvé.

 

 

roberto-fores-veses-_c_-jean-baptiste-millot-versionwebEn rythmes pointés, porté par l’urgence du premier mouvement, l’Allagretto (plage 3), se déroule telle une course éperdue aux accents fouettés, expressivo, associant dans un irrépressible flux, soupirs et syncopes haletants, qui évoquent les visions fantastiques terrifiantes du dernier Haydn celui fulgurant écorché de la dernière séquence des 7 paroles du Christ en croix (tremblement de terre). Enfin tel un opéra rossinien dont Beethoven possède et maîtrise la verve, le finale éblouit littéralement par sa sombre intériorité, sa plainte chantante, très empfindzeimkeit et s’affirme davantage encore grâce à l’unissons des violons très fluides. Magistrale première transcription (arrangement de Gustav Mahler).

 

 

Cycle BEETHOVEN sur Arte les 2, 9, 16, 23 et 30 octobre 2016 L’opus 131 (mai 1826) s’énonce ample, versatile, pluriel, dans pas moins de 7 sections successives, à partir d’un motif générateur unique, premier que l’invention du génie beethovénien aime à varier. C’est le sommet de sa réflexion musicale qui nécessita 6 mois de recherche et de travail. Ne prenons que les 4 ultimes épisodes de ce cheminement qui mène au cœur de la forge puissante et géniale du grand Ludwig. L’Andante cultive une suprême élégance (d’essence viennoise), d’où émerge le violon et l’alto des pupitres offrant une synthèse de valse. Le Presto (plage 9), est plus narratif et plein de caractère, capable de nuances et de suggestions, éléments emportés, sublimés en une danse populaire / une ronde paysanne ; c’est rustre et plein de santé au pastoralisme enjoué aussi, entraînant et enivrant l’esprit de la symphonie Pastorale. L’Adagio qui suit, saisit par sa couleur sombre et grave, comme la grande subtilité et délicatesse d’intonation. Enfin, l’Allegro final, dont la valeur et le coup visionnaire ont été relevés et commentés par Wagner…, il conclue le Quatuor avec les mêmes valeurs dues à un orchestre en pleine maîtrise de ses moyens : jamais épais ni confus malgré l’effectif ; jamais timoré ni dilué, au service de chaque nuance émotionnelle. C’est de toute évidence une nouvelle réalisation exemplaire qui par son audace et sa subtile cohésion affirme la qualité de l’Orchestre d’Auvergne, phalange composée uniquement de cordes, douée d’une saisissante éloquence.

 

 

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CLIC_macaron_2014CD, critique. BEETHOVEN : Quatuors. Orchestre d’Auvergne. R Forés Veses (1 cd Aparté). Enregistré en septembre 2016 à Vichy. Durée : 57 mn — 1 cd Aparté AP 152. CLIC de CLASSIQUENEWS.

 

 

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LIRE aussi notre critique déloppée du précédent CD de l’Orchestre d’Auvergne / Roberto Forés Veses : Tchaikovski, Sibelius (Aparté, parution de décembre 2016)

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