mardi 29 avril 2025

Carl Orff: Carmina BuranaArte, les 22 janvier puis 6 février 2012

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Carl Orff


Carmina Burana
, 1937

Arte, dimanche 22 janvier 2012 à 16h20
rediffusion le 6 février 2012 à 1h55

Sans son oeuvre maîtresse, Carmina Burana, Orff serait étiqueté « compositeur honteux » ayant servi la propagande hitlérienne… Le génie du musicien se dévoile dans cette oeuvre atypique et fascinante qui ne cesse de nous captiver aujourd’hui, comme elle a séduit aussi les dirigeants du régime nazi… à la fin des années 1930. Parmi les compositeurs allemands, Carl Orff avec Werner Egk, entre autres fait partie des auteurs ayant fait allégeance à Hitler: après avoir écrit plusieurs marches et musiques officielles pour les Jeux Olympiques de 1936, le compositeur confirme sa conformité au goût hitlérien avec sa grande fresque populaire et rythmée, Carmina Burana, créé à Francfort en juin 1837.
Le documentaire diffusé par Arte a beau nous présenter le compositeur comme un allumé original atypique au charisme indiscutable (voir les images d’époque où il évoque son oeuvre Astutuli, où comme son écriture musicale, le musicien affiche une certaine électricité hallucinée… dans la façon d’articuler le seul titre de la partition!), le fait qu’il n’ait pas éprouvé une quelconque conscience politique… nous laisse dubitatif.
C’est l’éternel question qui se pose, en particulier aux heures les plus noires de l’Europe: un auteur peut-il créer sans avoir la moindre idée de ce qui se passe autour de lui? Ni connaître le portrait moral de ses commanditaires? Mais comme le dit le comédien qui incarne Orff devant la caméra, le compositeur issu de la bourgeoisie munichoise aspirait aux honneurs, à la gloire, à la reconnaissance…

Le documentaire tend donc à nous brosser une image plus humaine d’un auteur au comportement hasardeux… voire douteux. La construction suit le commentaire de la cantate pour choeur et orchestre Carmina Burana, dont le titre vient du manuscrit de chants profanes en latin daté du XIIIè et « retrouvés » en 1803. Avec l’archiviste Michel Hoffmann, avec lequel il entretient une riche et constante correspondance, Orff sélectionne les chants les plus aptes à une mise en musique: la vitalité des rythmes s’inspirent directement des chansons à boire, chansons de soldats, hymnes et chants populaires des tavernes, jouées depuis toujours dans les auberges munichoises avec jeu de cuivres, accordéon…
Les éléments du dossier composant un portait de l’artiste valent d’être écoutés: Orff, élève à l’Académie de musique de Munich s’ennuie ferme; tout en s’écartant du dodécaphonisme (évidemment jugé décadent par Hitler), le compositeur préfère les harmonies plus subtiles de Debussy, avant de se passionner pour Monteverdi… En se plongeant dans l’écriture de Carmina Burana (Chant du manuscrit de l’Abbaye de Böeren où les textes latins ont été retrouvés), Orff affirme son style néo médiéval ou comme il le disait lui même « élémentaire » c’est à dire primitif. L’itinéraire du musicien si original et inclassable est évoqué, en particulier sa participation à l’école de gymnastique de Dorothée Günter, en 1925, comme professeur de musique et d’improvisation; pour le jeune compositeur, le rythme est tout: à la fois, vie, moteur, étincelle: « le rythme unit la parole, la musique, le mouvement ». L’histoire dépasse parfois la fiction: après l’arrivée des américains en 1945, Orff échappe à un procès vis à vis de ses agissements pendant la nazisme: l’officier Jenkins chargé du cas des artistes pendant la guerre, étant l’un de ses anciens élèves et lui-même passionné de musique, permet à Orff de réussir rapidement l’épreuve de dénazification…

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