Busoni,Berg,Schönberg. Het Collectief. LeuwSaintes, le 14 juillet 2012, 20h

Le chef et pianiste Reinbert de Leuw dévoile les éclairs réformateurs de la jeunesse viennoise talentueuse qui réinvente le langage musical au début du XXème siècle: lieder de Berg et de Zemlinsky, mais aussi Berceuse de Busoni, Passacaille de Webern et Symphonie de chambre n°1 de Schönberg (1906). Avec en soliste, la soprano Katrien Baerts.

Busoni endeuillé (après la mort de sa mère) écrit une pièce allusive à la fois berceuse, lamentation, consolation : Berceuse élégiaque. Son hypertonalité mêle les deux versants de l’âme, renoncement, résistance. Fils inconsolable mais homme courageux.
Même effritement du cadre tonal, en liaison avec une nouvelle sensibilité chez les Viennois contemporains de Busoni: Schönberg, Berg, Webern, nés respectivement en 1874, 1885, 1883, réinventent le langage musical.
Ainsi en témoignent les Sieben frühe Lieder (1905-1908) d’un Berg encore wagnérien, straussien et surtout malhérien. Ici émerge une activité psychique manifeste qui structure jusqu’à l’architecture musicale. De même pour la Passacaille de Webern (1908), miroir encore postromantique mais déjà amorcé sur la voie de l’épure et de la quintessence musicale qui s’affirmera de plus en plus.
Zemlinsky dont Schönberg épouse la soeur affirme de son côté son propre imaginaire sans l’inscrire dans une démarche linguistique systématique. Ses 6 mélodies d’après les poème de Maeterlinck et composées entre 1901 et 1913 (orchestrées en 1921), se colorent comme son opéra Der Zweig d’un vif ressentiement amoureux; l’amour est une souffrance, le goufre amer d’une blessure inconsolable. Epris de son élève, la belle Alma Schindler (plus tard épouse de Gustav Mahler), Zemlinsky pleure une liaison jamais réalisée.
Rien de plus novateur et révolutionnaire que l’excellente et atypique Première Symphonie de chambre de Schönberg de 1906: elle s’inscrit en rupture avec le gigantisme mahlérien comme le respect du cadre tonal, hérité des classiques (audace harmonique majeure: empilement de quartes que Scriabine reproduit après lui).

Het Collectief éclaire les avants gardes musicales qui au début du XXè, réinventent la syntaxe musicale. Les figures majeures de la seconde école de Vienne, s’illustrent dans ce programme qui rétablit le lien entre expression musicale et activité psychique. Le chef et pianiste Reinbert de Leeuw dirige plusieurs pièces dont il a réalisé les transcriptions (Busoni, Sieben frühe lieder de Berg, Maeterlinck lieder de Zemlinsky… ).