mardi 6 mai 2025

Brahms: Symphonie n°2. Tribune des critiques France Musique, dimanche 27 juin 2010 à 10h

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Johannes Brahms

Symphonie n°2

France Musique
La tribune des critiques de disques
Dimanche 27 juin 2010 à 10h



L’écriture symphonique remonte dans la carrière de Brahms au milieu
des années 1850, quand le jeune compositeur (17 ans), esquisse déjà ce
qui sera sa Première Symphonie, (achevée en 1876, après l’écriture de
ses Variations sur un thème de Haydn). La deuxième Symphonie est conçue
en 1877, le compositeur est alors âgé de 44 ans.

La partition est
contemporaine de son Concerto pour violon. Avant de commencer l’écriture
de ses deux dernières Symphonies, Brahms, fixé à Vienne depuis 1862,
dirige la Société des Amis de la musique de Vienne jusqu’en 1875. Il
rencontre Dvorak en 1878 et l’encourage à poursuivre sa carrière de
compositeur, enfin écrit son chef-d’oeuvre, le Deuxième Concerto pour
piano et orchestre
en 1881. Les Troisième puis Quatrième Symphonies
suivent le sillon tracé par son Concerto pour piano: ses derniers opus
symphoniques l’occupent de 1883 à 1885. Brahms opère une synthèse entre
les grands romantiques qui l’ont immédiatement précédé, de Beethoven à
Schubert et Schumann, mais il revisite aussi les anciens dont Haydn.

Artisan de la musique pure, intensément romantique, modèle du néoclassicisme viennois (opposé en cela au trop moderne Mahler, au début du XXèe siècle), le compositeur a su
puiser au carrefour de caractères, traditions, sensibilités aussi
distincts que nécessaires au renouvellement de l’écriture symphonique:
héroïsme conflictuel de Beethoven, mélodie chantante et populaire
héritées de Schubert, emportement dynamique de Schumann. Comme ce
dernier dont il fut un admirateur assidu (il restera après la mort du
compositeur, très proche de Clara Schumann, sa vie durant), Brahms
compose quatre Symphonies (comme son aîné Schumann), quand Beethoven puis Mahler illustrent un
cycle de neuf.

Le compositeur attend d’atteindre la quarantaine, pour
disposer avant de se lancer dans la première série symphonique, d’une
expérience sûre, éprouvée pendant la composition de son Premier Concerto
pour piano
, de ses deux Sérénades et des Variations sur un thème de
Haydn. L’inspiration se réalise par couples d’oeuvres: Brahms écrivant
ses deux premières symphonies dans la tranche 1876-1877, puis ses deux
ultimes, entre 1883 et 1885. Après la Première Symphonie, la deuxième
confirme une autonomie vis à vis du modèle beethovénien. Le Scherzo est
remplacé par un mouvement de caractère, à l’inspiration puissante et
personnelle qui se souvient de Schubert. Souvent, Brahms situe son
mouvement lent en deuxième position alors qu’il occupe la troisième place
chez la plupart de ses confrères.

Symphonie n°2 en ré majeur opus 73

Hans Richter dirige la création à Vienne, le 30 décembre 1877.
Amorcée dès la fin de la Première Symphonie, la partition est dans sa
majorité écrite pendant l’été 1877 que Brahms passe en Carinthie (à
Portschach sur le Wörtersee). L’engouement pour l’oeuvre est immédiat et
supérieur à sa Symphonie précédente. La séduction du premier mouvement
d’un entendement plus facile a favorisé son succès.

Plan. Allegro non troppo: Les cors imposent la
coloration d’ensemble: noblesse, majesté, sérénité. Même si le caractère
de valse du second thème souligne l’allant et l’énergie lyrique,
l’écriture de Brahms n’en demeure pas moins liée à un sentiment sombre
et grave en rapport avec sa filiation nordique (Brahms est né sur la
façade septentrionale de l’Allemagne: à Hambourg, port ouvert sur la
Baltique). Adagio ma non troppo: voilà, le mouvement
lent le plus réussi de l’univers brahmsien. L’orchestration préserve le
dialogue entre les pupitres: cordes et bois. Allegretto
grazioso, quasi andantino
: ici, s’impose simplement l’esprit de
la danse (de nature populaire comme un ländler) dont le souci de la
variation, énoncée de façon dynamique, rappelle Beethoven. Allegro
con spirito
: l’ample développement du finale atteste ce désir
et ce sentiment d’équilibre qui ont inauguré le premier mouvement de la
Symphonie. Proche pour certains analystes, de la Symphonie Jupiter,
l’oeuvre exhalerait un souffle éminemment classique, voire « un sang
mozartien ».

Illustration: Johannes Brahms (DR)
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