Bernard Baas:
La voix déliée
Dans leur collection « Le Bel Aujourd’hui », les éditions Hermann
éditent en mars 2010, un remarquable texte du docteur en philosophie,
Bernard Baas. L’auteur sans aucun dogmatisme ni pédantisme intellectuel,
nous offre une proposition alléchante dont le sujet central interroge
la notion de voix déliée, un chant dissocié de son texte, une voix
émancipée qui s’est détachée de la parole, de l’argutie stratégique d’un
discours moteur initial.
Quelle est cette voix, non parole, qui fait entendre sa « résonance
propre »? C’est une voix appelante qui revendique une liberté nouvelle,
une identité particulière spécifique qui n’articule ni un texte ni ne
sert une construction sémantique. Timbre, tessiture, ou cri… voix
d’une identité révélée à définir ainsi, à identifier sans a priori…
En citant de nombreux philosophes et analystes du sens incarné, Bernard
Baas convoque Lacan à propos de « pulsion invocante », développe plusieurs
modalités de la voix (« voix de Socrate », « voix perverse de la
moralité », « voix de la dette »), grâce aux réflexions annotées,
commentées, synthétisées des auteurs que le sujet a inspiré avant lui:
Platon, Rousseau, Kant, Freud, Hegel (« et le chant du signe »), Leibniz
(« et la voix de la création »)… Les nuances expressives sont multiples
et clairement exposées. Avouons notre préférence pour le dernier
chapitre éclairant la voix de Don Giovanni de Mozart (essai ultime
intitulé « Don Giovanni et les voix ») à travers le commentaire qu’en a
développé Kierkegaard.
Voici une lecture originale, d’un vision fine, argumentée, et totalement
compréhensible. Les lyricophiles seront servis et tous ceux, parmi les
mélomanes ou les amateurs de philosophie qui désirent défricher de
nouveaux horizons qui croisent le fait musical et la voix exprimante
seront, comme nous, tout autant convaincus. Lecture incontournable.
Bernard Baas: La voix déliée. Collection Le Bel Aujourd’hui.
Editions Hermann. 415 pages.