mercredi 7 mai 2025

Berlioz: La Damnation de Faust, 1846 Angers Nantes Opéra, du 22 janvier au 6 février 2010

A lire aussi
Hector Berlioz
La Damnation de Faust , 1846

Nantes, Théâtre Graslin
Les 22, 24 et 26 janvier 2010

Angers, Grand Théâtre
Les 4 et 6 février 2010

Version de concert
Choeurs d’Angers Nantes Opéra et de l’Opéra de Rennes
Orchestre de Bretagne
Olari Elts, direction

Spleen de Faust
Lecteur dès 1827 du Faust
de Goethe, dans la traduction de Nerval, Berlioz couche en figures
musicales le choc des images conçues par la prose de l’écrivain
allemand. La Ballade du roi de Thulé mais aussi une bonne partie du matériel de la Symphonie Fantastique
découlent de ce flot impétueux de l’inspiration. Berlioz, possédé par
son sujet, traverse des périodes d’éclairs compositionnels.

Les huit scènes de Faust
qui sont couchées sur le papier, seront reprises pour composer la
légende dramatique, finalement créée en 1846, les 6 puis 20 décembre,
dans une indifférence générale. Le public transi de froid n’est pas
venu se déplacer pour applaudir l’ouvrage. Berlioz en ressentira un
très profond dépit. Etape première de ses relations difficiles avec le
public parisien…
La forme hétéroclite de la partition,
« construite » en tableaux apparemment sans lien, ajoute à son aspect
déconcertant. Pourtant, depuis quelques années, la partition
« immontable » sur la scène, est devenue un formidable tremplin excitant
l’imaginaire. Le pouvoir de la musique suscitant de vastes horizons que
le décor seul, s’il est strictement narratif, ne suffit pas à exprimer.
Des rivages de l’Elbe aux confins hongrois, des cimes éthérées
(apothéose de Marguerite) aux gouffres infernaux (la chute de Faust),
l’écart et le contraste des facettes convoquées, donnent effectivement
le tournis. Faust (ténor) est ici un contemplatif, assez suiveur,
entièrement soumis à la volonté provocante et grivoise d’un
Méphistofélès plus retors que jamais. Le héros romantique s’incarne
cependant en lui, par ses aspirations grandioses, ses désirs de
solitude et de renoncement.

En quête de lui-même, il erre comme un
damné, ne sachant rien trouver, cherchant toujours « ce qui manque à sa
vie ». Il y a une absence de volonté et d’ambition chez cet être défait,
déjà perdu. Nostalgique d’un bonheur inatteignable, qui se dérobe
toujours, Faust expire. Les épisodes de sa vie se succèdent comme dans
un superbe livre d’histoire, de légendes, de féerie démoniaque, sans
qu’il puisse en ralentir ni interrompre le cours. Frère de René
de Chateaubriand, plus encore d’Hector lui-même, terrassé par l’abîme
des champs intérieurs, le héros est en crise. Le spleen que porte Faust
n’appartient qu’à lui. Heureusement, la morne apathie du jeune homme
comme celle du vieillard, trompé par Méphistofélès, ne déteint pas sur
la musique: Berlioz y a mis tout son coeur. La scène romantique
s’exprime furieuse et éruptive dans l’orchestre. Faust est une légende
symphonique.

Illustration
Hector Berlioz (DR)

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