Beaucoup d’anecdotes surprennent, dévoilant souvent les hypocrisies, les humiliations et les rumeurs dont aime se repaître l’opinion sociale. Toujours enlevé, rapide, mordant, n’hésitant pas en concert à proférer ses commentaires (acerbes) quand il n’aime pas les oeuvres jouées, Berlioz concentre les jalousies et les aigreurs, c’est aussi un tempérament dont le ressentiment vis à vis de ses compatriotes va grandissant. Incompréhension profonde, désir de s’expliquer, et de tuer le risque de l’oubli… le compositeur écrit ses Mémoires à partir de 1848, depuis Londres, rétablissant de nombreux faits de son point de vue, révélant aussi quelques traits assassins sur les acteurs du petit monde musical d’alors: voyez le portrait de ce « bon Cherubini », directeur incontournable du Conservatoire, épinglé souvent dans sa lâcheté souriante et son accent à couper au couteau… Outre le parcours rétrospectif d’une vie, le lecteur y suit Berlioz dans ses nombreux voyages (lesquels lui auront plus qu’en France apporter gloire et bonheur)… Schizophrène, en proie au complexe de persécution? Témoin vif et sans complaisance de la musique en France? Berlioz grandit à la lecture de ces Mémoires, véritable document vivant d’une période où la révolution romantique se frotte aux règles et rouages souvent rigides de l’Administration. Ancien Prix de Rome, Berlioz avait légitimité pour ambitionner des postes confortables. Il n’en fut rien. Le texte transpire cette impossibilité et cet acharnement maudit. Même génial, le compositeur eut toujours la nécessité de se justifier, se battre, s’expliquer. Comme dans ce journal édifié en Mémoires. Passionnant.
Hector Berlioz: Mémoires comprenant ses voyages en Italie, en Allemagne, en Russie et en Angleterre. ISBN 978-2-914373-71-5. 728 pages. Paru en août 2010
Pierre Brunel: Aimer Chopin

Le texte commence par l’hommage de Schumann à Chopin: reconnaissance immédiate du plus romantique des compositeur pianistes au phénix polonais. L’intérêt essentiel du livre par un auteur qui fut un biographe révéré de.. Bellini (musicien si estimé de Chopin) découle de l’organisation des chapitres: puisqu’il est difficile de lire Chopin par lui-même (à la différence de Berlioz, presque « bavard » dans ses Mémoires).
Même réducteurs, déloyaux, traîtres… les mots de cet essai captivant rend l’un des hommages les plus essentiels au divin Chopin.
Pierre Brunel: aimer Chopin. ISBN 978-2-914373-75-3. 280 pages, paru en août 2010
2 nouveautés publiées par les éditions Symétrie