Benjamin Britten
A midsummer night’s dream, 1960
Mezzo,
Le 29 décembre 2007 à 20h45
Le 30 décembre 2007 à 13h45
Le 5 janvier 2008 à 11h45
Le 7 janvier 2008 à 16h45
Le 9 janvier 2008 à 3h45
Opéra filmé à Barcelone, Théatre Liceu, 2005. David Daniels (Obéron), Ofelia Sala (Titania)… Mise en scène: Robert Carsen. Direction musicale: Harry Bicket.
Opéra en trois actes d’après la comédie de Shakespeare (1595-96), A midsummer night’s dream plonge dans le monde du rêve et de la nuit, son mystère et sa pureté originelle. Le ténor Peter Pears, compagnon du compositeur adapte le livret et écrit le texte de l’opéra qui est créé à Aldeburgh le 11 juin 1960.
Oberon est contre-ténor et Titania, soprano. Les souverains qui règnent sur le monde des fées se querellent à propos d’un page que la reine entend garder dans sa suite quand le roi aimerait s’en saisir. Avec Puck, Oberon décide de se venger grâce au suc d’une fleur magique que Puck récolte: tout être dont les paupières en sont couvertes, tombe amoureux de la première personne rencontrée… Obéron tient sa vengeance et compte emprisonner Titania au cou de celui qu’il aura choisi…. mais l’usage d’un charme aussi terrifinant n’est pas sans poser des problèmes d’autant que Puck se trompe dans l’utilisation du filtre. Ainsi les couples Lysandre et Hermia, puis Demetrius poursuivi par Helena, croisent le chemin de Puck et subissent le pouvoir de la fleur… Folie amoureuse digne d’un Cupidon capricieux, l’action enchaîne les êtres qui ne devaient jamais s’aimer… Britten sur les traces de Shakespeare aborde le délire et l’aveuglement des êtres aimants, possédés, qui ne s’appartiennent plus.
De surcroît tout se passe dans un bois à Athènes où des acteurs se retrouvent pour y répéter la pièce tragique de Pyrame et Thisbé, théâtre dans le théâtre. De son côté, au comble de l’enchantement féerico-amer, Titania endormie s’éprend à son réveil de l’acteur Bottom que le malicieux Puck a revêtu d’une tête d’âne…
Finalement à l’acte III, Obéron récupère le jeune page né d’une indienne. Il annule tous les enchantements. L’action se déplace de la forêt envoûtée au palais du roi d’Athène, Thésée dont le mariage avec Hippolyta, donne le prétexte à la représentation du Pyrame et Thisbé par les acteurs déjà cités. Leur jeu offre à Britten l’occasion de parodier l’opéra académique du XIXème siècle. Britten réussit un tour de force, alternant fidèle au génie de Shakespeare, la glaçante ironie cynique et la poésie la plus tendre.
Dans la production du Liceu de Barcelone (2005), Robert Carsen souligne l’antagonisme des deux clans opposés: Obéron en vert et Titania en bleu. Fées (choeur de jeunes garçons), acteurs et couples, se croisent en proie aux vertiges des enchantements. La parodie à l’acte III est vue avec une précision analytique (et une surenchère de lourdeur comique). Le plateau vocal reste cohérent, couronné par l’Obéron du contre-ténor David Daniels. On passe de l’enchantement nocturne et ses dérèglements sentimentaux à la fois captivants et terrifinats, au monde réel de la cour du roi Thésée, souverain d’Athènes, des songes à la réalité, sans confusion, et même avec un sens tranché des contrastes de lieux et de climats. Mais cette froideur générale, dans les lumières et les aplats de couleurs, passent sans faiblir ni faillir grâce à ce caractère d’un esthétisme rayonnant qui est la marque désormais du metteur en scène canadien, Robert Carsen. C’est que tout en demeurant stylé et décoratif, il ne sacrifie jamais l’efficacité du drame, ni la lisibilité de l’action.
Illustration: Tatiana amoureuse de l’âne Bottom (Fussli, 1795)
