van Beethoven
Fidelio
, 1805-1814
Tours, Opéra
Les 15, 17 et 19 octobre 2010
Jean-Yves Ossonce, direction
Marion Wassermann, mise en scène
Avec Mireille Delunsch, Leonore. Jean-François Monvoisin, Florestan. Peter Sidhom, Don Pizzaro…
Fidélité Conjugale
Hymne à l’amour triomphal, la partition de Fidelio exalte la vertu de la
fidélité conjugale contre la tyrannie. L’auteur illustre la constance
de l’épouse, sa détermination exemplaire contre l’autorité du despote
Pizzaro. Si Alceste descend aux enfers pour sauver son époux Admète,
Leonore, devenue Fidelio, rejoint son époux Florestan dans la prison
pour l’en libérer. L’Opéra de Tours présente dans une nouvelle
production le chef d’oeuvre lyrique de Beethoven, créé dans sa version
définitive à Vienne, en 1814.
Léonore ou l’amour conjugal
A 32 ans, Beethoven commence l’écriture de son seul opéra, « Fidelio ou
l’amour conjugal ». Sujet édifiant qui fait l’apothéose de la fidélité
d’une épouse.Tout d’abord inspiré par le livret héroïque d’Emmanuel
Shikaneder, « Vestas Feuer » (Le feu de Vesta), le compositeur se décida
finalement pour la pièce en trois actes du secrétaire du théâtre
impérial de Vienne, Joseph Ferdinand von Sonnleithner, lui-même
s’inspirant de Léonore ou l’amour conjugal du français Jean Nicolas
Bouilly.
L’histoire s’inspire d’un fait avéré. Bouilly alors procureur du
Tribunal révolutionnaire avait noté le dévouement de la comtesse de
Semblançay qui avait permis la libération de son mari en pénétrant dans
la prison jacobine où était sequestré son époux, le Comte René. Le texte
de Bouilly fut ensuite porté à la scène et mis en musique dans le style
de Cherubini, par Pierre Gaveaux, au Théâtre Feydeau, le 19 février
1798. L’heure était au culte des héros, du moins aux manifestations d’un
idéalisme exemplaire.
De 1805 à 1806: les deux première versions
Beethoven
couche ses première mesures fin 1803. Il faudra attendre encore deux
années avant la première, le 20 novembre 1805. Entre temps, deux autres
ouvrages lyriques furent créés sur le sujet, composés à Dresde par Paër
(3 octobre 1804), à Padoue par Mayr (1805). Il est probable que
Beethoven connut parfaitement la version de Paër. L’accueil dans une
Vienne alors occupée par les français, – Napoléon règne sur l’Europe-,
ne fut pas des plus chaleureux. Les raisons de cette échec restent
conjectures. Beethoven sourd qui avait imposé sa décision de diriger «
sa Leonore », fut-il un élément fragilisant la création ? L’orchestre
était-il à la hauteur de ses exigences?
Ainsi qu’il en est pour les œuvres des génies insatisfaits, Beethoven
meurtri, demanda dès le lendemain de la première, à Stephan von
Breuning, de remanier le texte initial, de passer de trois à deux actes,
selon une formule efficace qui avait déjà montrer ses avantages pour la
Clemenza di tito de Mozart en 1791. Beethoven remanie aussi la
partition, compose une nouvelle ouverture, aujourd’hui connue sous le
nom d’ « ouverture Leonore III ». La première n’ayant jamais été jouée
du vivant du compositeur, c’est la seconde version qui fut abordée lors
de la création de 1805.
Avec l’ouverture Leonore III, son découpage nouveau en deux actes, la
nouvelle Leonore de Beethoven fut présentée au public le 29 mars 1806.
Succès immédiat mais, obstacles ourdis par un destin contaire, Beethoven
en brouille avec l’intendant du théâtre an der Wien qui affichait
l’opéra, retira illico son œuvre.
Version finale de 1814
Pour
autant, le destin de Leonore n’était pas terminé. Georg Friedrich
Treitschke, sous-directeur du même théâtre an der Wien en 1814, proposa à
Beethoven de remonter l’ouvrage. Et le compositeur de bonne volonté,
accepta de reprendre sa partition pour une troisième nouvelle version.
« Cet opéra me vaudra la couronne des martyrs », écrit-il alors. Réduction
du texte de Sonnleithner, nouvelle ouverture en mi majeur, dite «
Fidelio », nouvelle fin plus éclatante, puisque les protagoniste
chantent leur libération non plus dans le cachot mais sur la place du
château. L’hymne à la lumière y est d’autant plus explicite que
Beethoven réutilise pour l’air final une mélodie tirée de sa cantate
composée en 1790 pour la mort de Joseph II. Un style oratoire clame la
libération du couple, et au delà, la liberté des hommes tournés vers
l’idéal des Lumières.
Si la fidélité est la valeur première célébrée dans l’œuvre, il en est
de même pour la chanteuse créatrice de la première Leonore en 1805 :
Anna Midler chanta, presque dix ans plus tard, le rôle-titre, lors de la
recréation de l’œuvre, le 23 mai 1814. L’opéra suscita enfin un
véritable triomphe.
Ludwig van Beethoven, Fidelio (1805-1814)
Opéra en deux actes sur un livret de Joseph Sonnleithner et Georg
Friedrich Treischke d’après le mélodrame de Jean-Nicolas Bouilly «
Léonore ou l’amour conjugual »