« La Giuditta » : on connaît le sujet mis à la mode romaine, à l’époque de la Contre-Réforme quand le Clergé avait besoin de figures spectaculaires pour exalter la foi des audiences chrétiennes. En peinture, le Caravage (cf. notre illustration), au début du XVIIème siècle, illustre le thème avec une vérité jamais égalée ; en musique les musiciens attendront plus longtemps, presque un siècle puisque la première œuvre fameuse, reste la Juditha triumphans de Vivaldi jouée dans l’église de la Piétà en 1716, soit dix années avant la partition dont il est question.
Que comprendre dans la silhouette guerrière de la princesse Judith ? La résistance d’un peuple soumis à la barbarie envahissante, surtout la foi armée prête à tuer pour survivre.
Jeune femme, Judith se montre implacable s’il faut défendre les siens (les habitants de Béthulie en proie à la cruauté des armées assyriennes de Nabuchodonosor, dirigé par le général Holopherne).
Composé en 1726 par Francisco Antònio de Almeida (1702-1755), alors qu’il n’avait que 24 ans, l’ouvrage fut créé à l’Oratoire des Pères de l’église Nouvelle à Rome.
L’épopée est doublée d’une intrigue sentimentale, puisque Holopherne en voyant Judith tombe amoureux d’elle. Se laissera-t-elle infléchir ? C’est bien la psychologie de l’héroïne, appelée à réaliser son destin glorieux, qui intéresse et les auteurs, compositeur et librettiste, mais aussi les spectateurs, saisis par la force du tempérament exprimé par la musique et le texte du livret.
Vivaldi avait composé son oratorio pour célébrer la victoire des vénitiens sur l’armée turque, à Petrovaradin. L’analogie qui faisait de la jeune femme, une figure victorieuse de la foi catholique ne faisait aucun doute. L’œuvre de Almeida appartient à la même symbolique.
Comme chez Vivaldi, l’oratorio emprunte à l’opéra ses effets dramatiques, en particulier dans la caractérisation des personnages.
Reste pour nous un nom inconnu et un style musical qui l’est tout autant. Almeida, musicien de la Cour portugaise put faire ses classes italiennes à Rome, grâce à une bourse royale. Sa « Giuditta » date de la dernière année (1726) de son périple ultra-montain. De retour à Lisbonne, il écrivit plusieurs partitions conforme au goût italianisant, opéras et sérénades de circonstance pour le palais de Ribeira. Son écriture révèle une connaissance parfaite de l’opéra buffa napolitain et du style d’Alessandro Scarlatti (mort en 1725).
« La Giuditta » de Francisco Antonio de Almeida (1702-1755),
mardi 23 mai 2006 à 20h30 à l’église St Roch à Paris.
Solistes : Judith, Miriam Ruggeri. Oloferne, Simon Edwars. Ozia, Jean-Michel Fumas. Achiorre, Patricia Gonzales, ensemble « Les Caractères », direction : Xavier Julien-Laferrière.
Réservations : 01.46.38.01.62.