Alexandre Pierre François Boëly
France Musique
Jeudi 1er mai 2008 à 13h15
« Boëly, le méconnu«
La pianiste Jacqueline Robin dans deux cd dédiés aux oeuvres pour clavier de APF Boëly, à présent légendaires, (Arion) a démontré l’éclectisme original et même singulier du compositeur français, chaînon manquant entre la mort de Rameau (1764) et l’avènement de la révolution romantique défendue par Berlioz (1830). De la fin de l’Ancien Régime jusqu’à la vague esthétique où le sentiment fut roi, nombre de compositeurs ont su cependant maintenir une qualité d’inspiration plus qu’honorable. Alexandre Pierre François Boëly en fait partie. Paris participe à l’essor et au perfectionnement du quatuor ainsi que de la Sonate pour piano. En témoignent les actions en ce sens de Méhul, Hérold, Boieldieu… Mais notre compositeur n’est pas à la traîne. Loin de là.
Né Versaillais, mort parisien, Boëly (1785-1858), s’impose avec d’autant plus de mérite que son oeuvre, essentiellement chambriste, supporte la comparaison avec ses contemporains outre-Rhin, qu’exalte le courant de sensibilité préromantique appelé « Empfindsamkeit » et « Sturm und Drang »… Enfant d’une lignée de musiciens à la cour, Boëly se passionne pour les maîtres anciens, avant Mendelssohn, pour Bach, Haendel, Couperin, CPE Bach, Mozart, Scarlatti… Une brouille de son père avec Gossec le tint à la marge du sérail officiel et des prébendes allouées par le pouvoir. Mais, organiste virtuose (titulaire des orgues de Saint-Germain l’Auxerrois, vers 1840), il sut néanmoins s’imposer par son génie visionnaire, et faire reconnaître ses qualités de pédagogue (pour le piano autant que pour l’orgue). Son oeuvre est passionnante car elle interroge le rapport d’un compositeur avec le passé. S’il est à ses débuts résolument moderne, ses dernières oeuvres, comme en témoignent les Suites dans le style des anciens maîtres (1855), le montrent néoclassique, admiratif des formes passéistes, mais rehaussées par un sens personnel de la construction et de la mélodie. Ses Sonates pour piano révèlent une connaissance aiguë des oeuvres de Haydn et de Beethoven; ses études se hissent très haut dans l’inspiration face à Liszt ou Chopin qui n’ont pas encore produit leur oeuvre respectif. Autant dire que tout « classique » qu’il paraît, Boëly fait figure tout autant de précurseur des compositeurs-pianistes romantiques plus connus que lui. Le portrait musical que diffuse France Musique est illustré par de nombreuses oeuvres de Boëly dont les fameux enregistrements de Jacqueline Robin réalisés pour Arion en 1978 et 1981.
Oeuvres diffusées:
Caprice pour piano op. 2 n° 9 en la mineur
Jacqueline Robin : piano
Cantique » Voici une première entrée » op. 15 n° 11
Daniel Roth : orgue Cavaillé-Coll de la cathédrale de Bayeux
Sonate pour piano op.1 n°1 : Allegro molto
Jacqueline Robin : piano
Trio à cordes op.5 n°2 en ut Majeur : Finale (presto)
Trio Cappa
Toccata en si mineur op.43 n°13
François Ménissier : orgue Poirier-Lieberknecht de la basilique Notre-Dame de la Daurade à Toulouse
Quatuor à cordes en la Majeur op.27 n°1 : Andante
Edouard Popa : 2ème violon
Trio à Cordes de Paris
Fantaisie et fugue en si bémol op.18 n°6
Eric Lebrun : orgue Cavaillé-Coll de l’église Saint-Antoine des Quinze-Vingt à Paris
Illustration: portrait présumé de Alexandre Pierre François Boëly (DR)