Albéric Magnard
(1865-1914)
Symphonie n°3 « bucolique »
France Musique
La tribune des critiques de disques
Dimanche 8 février 2009 à 10h
Symphoniste mésestimé
Une telle généalogie indique clairement la qualité de son écriture et l’exigence musicale qui l’anima.
Néanmoins, le fils du directeur du quotidien Le Figaro entre tardivement au Conservatoire, à 21 ans, dans la classe de composition de Massenet.
Mais Magnard préfère rapidement (deux ans son inscription au Concervatoire) suivre l’enseignement de Vincent d’Indy, en classe privée de 1888 à 1892.
Le déroulement de sa carrière est atypique. Frappé de surdité partielle, le musicien se replie sur lui-même, quitte Paris et, préférant la solitude, fait retraite à Baron-sur-Oise (Oise) où il poursuit l’écriture de son oeuvre : à son opéra précédent Yolande (peu applaudi), il fait suivre un nouvel opus lyrique Bérénice, d’après Racine. La sûreté de la déclamation y affirme une assimilation parfaite de la prosodie baroque et classique: en digne admirateur de Rameau, Magnard montre alors sa valeur. Il compose aussi son grand oeuvre orchestral: la Symphonie n°4 qui avec son Quatuor, fait partie des trésors absolus de la musique française, comme l’est la Symphonie de César Franck.
La tribune des critiques de disques s’intéresse à la Symphonie n°3 opus 11 « Buccolique »/
Symphonie n°3 opus 11 « Bucolique »
Elaborée en Auvergne entre 1895 et 1896, l’opus déroule cette vitalité ardente qui est le sceau personnel de Magnard, colorée d’une rusticité puissante et charpentée. En place du second mouvement, Magnard note « Danses » (ensemble de rythmes clairement inspirés des danses auvergnates); pour 3ème mouvement, le compositeur utilise le terme de « Pastorale » (thème bucolique énoncé tout d’abord au hautbois). Le final qui réutilise le choral aux intervalles primitifs marquant le début de la Symphonie, réaffirme la santé tonique de l’architecture quoique parfois traversée d’éclairs mélancoliques et douloureux. Tout l’édifice fait apparaître le tempérament original de l’élève de d’Indy, tenté par le wagnérisme mais résolument singulier.
Illustration: Albéric Magnard (débout à gauche), avec le violoniste Eugène Ysaÿe (fumant la pipe) et le compositeur Guy Ropartz, alors directeur du Conservatoire de Nancy, circa 1911 (DR)